Annales des Mines (1900, série 9, volume 17) [Image 67]

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SUR LA CRISTALLOGRAPHIE DU FER

SUR LA CRISTALLOGRAPHIE DU FER

lèles à trois axes rectangulaires ; ils ont pour limites des piles d'octaèdres emboîtés les uns dans les autres et dont les axes principaux coïncident avec les trois axes du système. Les pointements sont plus aigus que ceux de l'octaèdre régulier; mais, comme ces pointements représentent l'enveloppe d'une file de cristaux emboîtés, rien ne s'oppose à ce que chaque cristal individuellement soit un octaèdre régulier, bien qu'il soit malaisé de le vérifier par dès mesures directes. Au surplus, les coupes relèvent du système cubique. M. le Prof. Martens(') a donné, sous un grossissement de 10 diamètres, la coupe d'un lingot d'acier de moyenne dureté; on y voit des cristallites dont les branches sont normales à l'axe principal. Le même savant a publié un travail important dans les Transactions of the American Institute of Mining Engineers (t. XXIII, p. 37-63 ; 1893), et on y relève également beaucoup de cristallites du même type, apparentes surtout après trempe et revenu (Voir les Pl. V, VI et VII; les teneurs en carbone varient de 0,32 à 0,50). M. le Prof. Tschernoff a été assez aimable pour me sacrifier une partie- d'un gros cristal semblable à celui qui est représenté par la fig. 22, Pl. II. J'ai fait une coupe perpendiculaire à l'axe principal ; la ferrite s'y aligne, sauf accidents secondaires, parallèlement aux deux axes transversaux, découpant la perlite en îlots grossièrement rectangulaires (fig. 23, Pl. Il); l'attaque a été faite par l'acide nitrique fumant; grossissement de 6 à 7 diamètres. Les coupes perpendiculaires aux axes transversaux présentent le même aspect. Dans la masselotte d'un moulage d'acier coulé et refroidi en sable (0,45 environ de carbone), j'ai trouvé, dans

la région saine, les dispositions des fig. 24 et 25, Pl. III). Les lignes blanches (ferrite) se coupent à angles droits ou, plus souvent, tracent des triangles équilatéraux qui rappellent ces figures de Widmanstaetten où les cristallographes s'accordent à reconnaître les caractères de l'oc-

(*) Mittheilùngen aus den Kôn, teehnischen Versuchsanstalten, 1891, pl. VI, fig. 20.

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taèdre régulier. On est donc conduit à admettre que le fer y possède à la fois des clivages cubiques et octaédriques. Cependant, dans les coupes d'aciers mi-durs que nous venons d'examiner (fig. 23, 24 et 25), la séparation en ferrite et perlite n'existait pas au moment de la solidification; le carbone était alors répandu partout. On pourrait objecter que la ferrite a pris son individualité en prenant l'état g, que ce sont les cristaux de fer [3 qui ont chassé le carbone devant eux et que, par conséquent, la distribution intérieure actuelle ne répond pas à l'arrangement initial sous l'état v. Mais comme, dans le cristal du Prof. Tschernoff (fig. 23, Pl. II), la symétrie interne du réseau de ferrite est évidemment liée aux formes extérieures qui sont indubitablement celles du fer 7, il faut que cette symétrie interne soit aussi celle du fer ou bien que le fer y et le fer °> cristallisent sur les mêmes axes, hypothèse qui sera discutée plus loin. ) Fers. — Il nous reste à voir si les formes cristallines c communes que prend le fer -/ dans les fontes et les aciers persistent encore en l'absence du carbone. A défaut de fer fondu, on peut s'adresser au fer brûlé. Malheureusement la plupart des observations relevées portent sur des métaux peu ou non définis. C'est encore Grignon qui paraît avoir donné la première description du fer brûlé (*) : « Lorsque le bout d'une marquette d'encrenée (**), (*) Opère citato, p. 19. (**) Une encrene'e est la première ébauche d'une barre de fer. Elle est forgée dans son milieu aux dimensions que doit avoir la barre Tome XVII, 1900.

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