Annales des Mines (1900, série 9, volume 17) [Image 64]

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SUR LA CRISTALLOGRAPHIE DU FER

SUR LA CRISTALLOGRAPHIE DU FER

molybdène (*) sur une masse d'environ 250 livres de fonte : on avait pratiqué, vers le bas de ce creuset, un trou de huit à neuf lignes de diamètre, que l'on avait ensuite bouché avec de la terre de coupelle ; ce creuset fut placé sur une grille et entouré au bas de charbons ardents, tandis que la partie supérieure était défendue de la chaleur par une table circulaire de briques; on remplit ensuite le creuset de fonte liquide, et quand la surface supérieure de cette fonte, qui était exposée à l'air, eut pris de la consistance, on ouvrit promptement le bas du creuset, il coula d'un seul jet plus de la moitié de la fonte encore rouge, et qui laissa une grande cavité dans l'intérieur de toute la masse ; cette cavité se trouva hérissée de très petits cristaux, dans lesquels on distinguait à la loupe des faces disposées en octaèdres ; mais la plupart étaient comme des trémies creuses, puisque, avec une barbe de plume, elles se détachaient et tombaient en petits feuillets, comme les mines de fer micacées, ce qui néanmoins est éloigné des belles cristallisations de M. Grignon, et annonce que, dans cette opération, le refroidissement fut encore trop prompt. » La cristallisation octaédrique de la fonte était également connue de Bergman (**). Ces observations anciennes, maintes fois confirmées, ont été complétées, depuis une vingtaine d'années, par des analyses chimiques et par l'étude de cqupeSjjJùlios, Il suffira de citer quelques exemples.

M. A. Boardsley(') a rencontré des octaèdres de près d'un demi-pouce de diamètre dans une cavité d'une fonte grise de Gartsherrie. L'analyse, faite par Collins, a

(*) Molybdène était alors synonyme de plombagine. (**) Opuscules chymiques et physiques, traduits par M. DE MORVEAU p. 17 du t. II. Dijon, 1780 (t. 1) et 1785 (t. II). A la page 18, Guyton dé Morveau rappelle son expérience faite avec Buffon ; il cite aussi, mais sans détails et sans indication de source, le chanoineï;î840ngez (également traducteur de Bergman), qui devait périr avec l'expédition de La Pérouse, dont il était l'aumônier et le naturaliste.

donné : Fe = 93,50;

C,= 3,11 ; P = 0,15;

Si — 1,35; Mn r= traces.

Ti = 0,76 ;

Le carbone était à l'état de graphite tant à l'intérieur qu'à la surface des cristaux. M. le Prof. Martens a décrit et dessiné en plusieurs endroits, en élévation et en coupe, les cristaux des retassures de. la fonte grise. Ce sont, dit-il en substance (**), des squelettes d'octaèdres... Ils sont formés de dents parallèles entre elles, implantées normalement sur l'axe principal dans deux plans rectangulaires entre eux (/?</. 12, Pl. I). Cette formation se poursuit souvent au troisième et au quatrième degrés. Plus elle est poussée loin, c'est-à-dire plus sont nombreuses les aiguilles d'ordre 2, 3, etc., plus le squelette cristallin s'approche de la forme d'un octaèdre achevé. Les dents isolées ne se terminent pas toujours en aiguilles, mais peuvent être arrondies à leur extrémité (fig. 13, Pl. I). M. le Prof. Ledebur a bien voulu me donner partie d'un bel échantillon trouvé dans la retassure d'une chabotte de pilon en fonte phosphoreuse. La fig. 14, Pl. I,. faite par M. Fremont, en donne une vue d'ensemble au grossissement de 4 diamètres environ : on y aperçoit de nombreuses cristallites, dont la plupart sont toujours des squelettes d'octaèdres; d'autres, notamment la principale, à droite de la figure, n'ont pas de terminaison pyramidale (*) Min. Maq., n° li, febr. 1879, p. 223-227, et n° 12, p. 261 ; d'après Zeitschrift fur Krystallographie und Minéralogie von Groth, t. V, p. 615; 1880. (**) Zeitschrift des Vereines deutscher Ingenieure, t. XXII, p. 11, 1. III, fig. 3, 4 et 10, et t. XXIX, p. 397, pl. XX, fig. 1 à 7.