Annales des Mines (1899, série 9, volume 16) [Image 11]

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LES MINES DIJ LAURION DANS L'ANTIQUIT

tenait à l'État, qui l'amodiait, mais ne la cédait pas. Les concessions de mine, instituées par le conseil des Polètes,

étaient accordées à titre

personnel (sans. possibilité de

- rétrocession ni de legs par héritage) et pour un temps très limité. Les usines métallurgiques, tout au contraire, étaient propriétés privées. Ces concessions de mines (comparables, dans une certaine mesure, à des daims) étaient instituées pour .une

durée différente, suivant qu'il s'agissait d'un gisement vierge., nécessitant des travaux préparatoires coûteux (kainotomiai), ou d'un gisement déjà exploité précédemment, dont il n'y avait qu'a poursuivre l'abatage (anaiinct

ou p«laia-). Dans le premier cas, elles duraient dix ans ; dans

le second, trois seulement, mais toujours avec faculté de renouvellement à l'échéance. Un grand libéralisme industriel présidait à leur attribution: les étrangers (écartés pourtant de la propriété foncière -en Attique) pouvaient les obtenir, aussi bien que les Athéniens ; le libre groupement des capitaux ou des lots était autorisé. En outre, on. avait évité autant que possible de prendre pour les mines des mesures spéciales, d'instituer des contrôleurs particuliers. Le concessionnaire de mines était, en fait, un simple entrepreneur, qui prenait Sa...concession 'à forfait, moyennant payement annuel d'une somme fixe, évaluée approximativement à un vingt-quatrième du produit présumé: Le contrat .fait, l'État intervenait uniquement pour le faire respecter : d'une part, en fixant -les limites du daim par un bornage superficiel et souterrain très soigné, avec. description (diag- raphè); de l'autre, en s'assurant qu'on n'en franchissait pas les limites souterrainement, qu'on n'incommodait pas ses voisins (par exeMple, par les fumées des feux d'aérage), ou qu'on n'attaquait pas les piliers marqués pour être respectés : ce qui eût constitué un vol de minerai, beaucoup

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plus encore qu'une atteinte à la sécurité des mineurs esclaves, intéressante surtout pour leur propriétaire. Les contraventions étaient constatées et punies, comme des délits quelconques, sans intervention d'un corps de contrôleurs ou d'inspecteurs spécial, mais en passant pourtant devant un tribunal particulièrement compétent, le métallikon dikastèrion.

En résumé, on voit que le travail se faisait, sans idée d'ensemble, par petits entrepreneurs isolés, comme les partidanos des mines espagnoles, comme les fermiers des mines de soufre siciliennes, ou comme les chercheurs d'or en pays anglo-saxons.

A ce défaut du morcellement s'ajoutait celui de _concessions très limitées en durée ; le temps « était donc de l'argent » dans ce cas, pour un Athénien comme pour un Yankee, et il avait, pour un motif tout différent, la même préoccupation d'arriver très promptement au minerai payant, afin d'en extraire le maximum, quitte à augmenter ses frais d'extraction et à gâcher -le reste pour l'avenir. Il est même assez curieux que, dans l'évolution -de l'industrie minière, on soit parti de cet état de choses, il y a vingttrois ou vingt-quatre siècles, pour y revenir aujourd'hui, après une longue période où l'exploitation s'est faite, au contraire, par le système domanial d'Allemagne- ou de Suède, en père de famille, avec le souci d'extraire jusqu'à la dernière parcelle de minerai, pour utiliser le plus complètement possible une richesse naturelle, en fournissant un travail prolongé à une population d'ouvriers. II.

Exploitation de la mine.

Pour des raisons diverses, dont nous avons déjà dit un mot en passant,' il y avait, dans une exploitation de mine athénienne, un singulier Mélange de barbarie apparente sur certains points et d'habileté consommée sur d'autres.