Annales des Mines (1899, série 9, volume 16) [Image 10]

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LES MINES DI, LAURION DANS L'ANTIQUITÉ

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LES MINES DU LAURION DANS L'ANTIQUITÉ

ner plus de développe- ment , à. Certains travaux -coûteux.

On attribue, notamment, dans cette transformation, un de rôle à Lycurgue, qui dirigea les finances athéniennes 338 à 326, et que l'on a pu appeler le seul financier de l'antiquité,. sur Nous sommes particulièrement bien renseignés

la plupart des cette période, à laquelle se rapportent textes et des inscriptions relatifs au Laurion. Nous connaissons, par exemple, l'histoire d'Epicratès de Pallène,

dénoncé pour avoir gagné dan S les mines près dé 2 millions (300 talents) en trois ans ; celle de Diphilos, conles damné -à mort pour avoir abattu frauduleusement de minerai, qu'on était tenu piliers de soutènement en d'exploitation; laisser et d'abandonner dans les' chambres celle de Philippos et de Nausiclès, accusés de s'être n'avaient gaiement enrichis en exploitant des mines- qu'ils plaidoyer de Démosthène pas déclarées; nous avons le contraire, s'être pour un pauvre diable, qui prétendait, au ,ruiné dans les recherches des mines,. etc. DT° siècle, Puis, avec. l'entrée en scène de la Macédoine au produisit en un changement économique considérable se Laurion, qui Grèce et influa directement sur l'industrie du les eut à subir les fluctuations de valeur de 'l'argent, dans de plomb mêmes conditions que peuvent le faire les mines argentifères actuelles. En 355, le pillage du trésor de Delphes 'avait jeté dans

métaux précieux la circulation près de 60 Millions de moment, (24 millions d'or, 36 Millions d'argent). Au même prirent les mines d'or du mont Pangée, près de Philippes,

années, jusqu'à un tel développement qu'en quelques dit-on, plus de la mort d'Alexandre, elles produisirent, 300millions. Les trésors de Persépolis et de Pasargade

donnèrent également au monde grec des sommes énormes. et Il en résulta en Grèce un afflux de 'métaux précieux spécialement d'or, dont on n'avait eu aucune idée jusque-là,

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En outre, Philippe institua momentanément le bimétallisme au lieu du monométallisme à étalon d'argent, seul usité antérieurement, et la conséquence fut une baisse de l'argent, analogue à celle qui s'est produite de nos jours. Les conquêtes d'Alexandre eurent sur les mines du Laurion le même effet que celles des Espagnols au Nouveau Monde sur les mines espagnoles du xvie siècle, ou que la mise en valeur des dernières mines américaines stir nos pauvres exploitations de plomb français ; venant à trin moment où la partie des gisements pratiquement accessible

aux anciens commençait à s'épuiser, elles déterminèrent le ralentissement progressif des travaux, qui furent arrêtés complètement vers l'époque d'Auguste, quand les Romains eurent la possession des riches mines espagnoles. Dans cette longue période de trois siècles, il n'y eut

qu'un moment de réveil relatif, entre 146 et 87 avant Jésus-Christ, quand Délos, devenu port franc, prit une place prépondérante dans le commerce Maritime méditerranéen à la place de Rhodes abaissée, Carthage rasée et Corinthe détruite, et releva, du même coup, le commerce

athénien : période interrompue par l'invasion de Sylla à 'Athènes en 86, qui ruina à tout jamais ce commerce. Après l'arrêt des mines, il n'y eut plus, au Laurion, dans le i" siècle après Jésus-Christ, que ,des essais de retraitement appliquées aux anciennes scories ; après quoi, ce fut

l'oubli complet jusqu'à la redécouverte des gisements, dans les circonstances romanesques que l'on connait, en 1863. Avant de passer à l'examen. détaillé des- moyens d'exploitation et de traitement, nous ajouterons seulement

quelques mots .sur le régime légal des mines à Athènes ; car la loi minière a toujours son contre-coup direct sur les méthodes mêmes du travail. C'était une sorte de système régalien, où la propriété du tréfonds, distincte de celle du fonds (édaphos), appar-

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