Annales des Mines (1899, série 9, volume 15) [Image 48]

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nos cultures. Les cours faiblirent de 1895 à 1897, dans une proportion inconnue jusque-là; le prix de l'unité d'acide phosphorique tomba jusqu'à 0 fr. 34 et 0 fr. 32. Cette baisse trouvait pour les fabricants, il est vrai, une compensation partielle dans la diminution du prix de la matière première résultant de la mise en exploitation des .immenses gisements de l'Amérique et de l'Algérie ; mais, malgré

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du marché général - des phosphates, cette particularité

qu'il présente, de ne jamais avoir de stock flottant, d'existences importantes en magasin. C'est une cause de faiblesse, qui a longtemps pesé sur les cours ; mais c'est aussi une des raisons majeures qui ont amené la hausse

des prix de 1898. Les usines à superphosphate, après avoir longtemps fait la loi aux producteurs, voient aujour-

cela, l'industrie du superphosphate traversait une crise grave, qui rendit nécessaire une entente des producteurs pour réduire la fabrication. La situation des phosphatiers,

d'hui la situation changer du tout au tout par la simple entente des producteurs principaux pour maintenir les prix à un taux plus rémunérateur. C'est un résultat qui devait forcément se produire, après une période de

mière des superphosphates, n'était guère meilleure. Les choses en étaient là lorsqu'éclata la guerre hispanoaméricaine, dont l'une des premières conséquences fut la suppression à peu près complète des exportations de la Floride. Entre temps, la faiblesse du-prix du superphosphate avait conduit les industriels à réduire leurs approvisionnements en phosphate d'Amérique, principal facteur

dépression, due à une concurrence ruineuse des vendeurs,

obligés d'abaisser le prix de vente de la matière pre-

de l'importation des phosphates bruts, dans la pensée que ce dernier s'abaisserait encore. La brusque cessa-

tion de l'importation des phosphates d'Amérique, principale source d'alimentation des usines européennes, déjoua ce

calcul. En quelques semaines une hausse énorme (30 à 40 p. 100) se produisit sur les phosphates d'Algérie, appelés

à remplacer ceux de la Floride ou du Tennessee. La conséquence nécessaire de cette hausse subite fut l'éléVation du .prix de vente du superphosphate, qui est 'coté aujourd'hui 0 fr. 45 à 0 fr. 50 l'unité, suivant les régions, prix que l'agriculture n'avait pas connu depuis 1.889 ou 1890. Comme il était naturel de s'y attendre, les autres engrais phosphatés, les scories de déphosphoration notamment, ont suivi ce mouvement de hausse. Pris aux centres de production, l'acide phosphorique coûte actuellement 0 fr. 25 le kilogramme dans les scories. J'ai toujours fait ressortir, lorsque j'ai eu à -m'occuper

qui ont fini par s'apercevoir que le marché, dénué de stock, en présence de la consommation constamment croissante des phosphates, était facile à relever par une simple entente des gros producteurs. Malgré cette hausse des prix, il n'y a pas à craindre que la consommation des phosphates diminue. Le cultivateur tomberait dans une grave erreur, s'il renonçait, pour ses cultures d'automne, au phosphatage de ses champs. L'abaissement des rendements lui causerait une perte de recette sans rapport avec l'économie réalisée sur l'achat des engrais(*). Il était évident, ainsi que j'ai cherché à le faire ressortir dans mes analyses de prix de revient des grands pays producteurs, Floride et Algérie, en 1895, que les prix de vente, à cette époque, étaient descendus au-dessous du

minimum normal et qu'on travaillait pour ainsi dire à perte, tout au moins sur un certain nombre des gisements de ces divers pays. La statistique de la production depuis 1895 a pleinement justifié mes prévisions, ainsi que le démontre le tableau suivant (*) L. GRANDEAU, Éludes agronomiques. Articles dans le journal le Temps.