Annales des Mines (1899, série 9, volume 15) [Image 46]

Cette page est protégée. Merci de vous identifier avant de transcrire ou de vous créer préalablement un identifiant.

84 MÉMOIRE SUR LES PHOSPHATES NOIRS DES PYRÉNÉES

cuivre ou de zinc et doit être condensé sous forme

d'acide sulfurique, ne fût-ce que pour se conformer aux réglementations hygiéniques.

Il est à ce point de vue que les intéressant de faire remarquer premières utilisations du phosphate en agriculture ont été faites sous forme de phosphate naturel appliqué directeHistorique de l'emploi agricole des phosphates.

ment sur le sol. La transformation en superphosphates, industrie qui a été créée, en 1852, par Sir J. Lawes en

Angleterre, a été postérieure aux premières applications directes des phosphates minéraux en France. Berthier avait le premier, en 1810, indiqué cette substance dans les pyrites du gault de Wissant (Pas-de-Calais),

à l'étage oh elle devait être plus tard reconnue avec une fréquence spéciale. En 1820, il révélait la nature des nodules de la craie chloritée du cap de la Hève, qui avaient

été découverts par de Bonnard. Ce n'est que deux ans

après qu'on commençait à se préoccuper, en Angleterre, de l'emploi des phosphates d'os pour l'agriculture et que Buckland et Conybeare signalaient les phosphates de Bonebed de la partie inférieure du lias ou du crag du tertiaire, très récent. De '1852 à 1856, Meugy, qui avait fait de cette question une étude particulière, signala successiVement les nodules phosphatés de la craie chloritée d'Aunasse près de Lille, à la base du Sénonien, et la vraie nature

Coquins ou nodules de Grand-Pré, Vouziers et Rethel. La note magistrale publiée par Élie de Beaumont, en 1856, sur l'utilité agricole et sur les gisements des

géologiques du phosphore, oit il donnait les indications les plus complètes et les plus précises sur les niveaux phos-

phatés et particulièrement sur celui du gault, ainsi que sur -leurs conditions de gisement, a toujours été, à juste titre, considérée comme ayant eu une influence capitale pour susciter et développer les exploitations qui devaient

MÉMOIRE SUR LES PHOSPHATES NOIRS DES PYRÉNÉES 85

se poursuivre, en France, sur les niveaux ainsi indiqués, et en particulier sur celui du gauit, jusqu'aux découvertes ultérieures de nouveaux gîtes, tels que ceux de la Somme, sans parler de ceux plus récents encore de l'Amérique et de l'Afrique(*). A partir de 1847, on commença à s'occuper sérieusement . de la substitution des phosphates fossiles aux os broyés incorporés dans les engrais artificiels. Les beaux.

travaux de Meugy sur les phosphates verts furent le

point de départ de l'industrie si développée, qui s'est maintenue depuis lors sur les gisements 'des Ardennes. Le mérite de l'organisation pratique de cette industrie revient d'ailleurs à de Molon et à Desailly dont les noms sont inséparables de cette création. 11 est indubitable que l'emploi des superphosphates est surtout avantageux pour les terres exploitées par fermage, sur lesquelles l'exploitant, c'est-à-dire le fermier, a intérêt à rentrer le plus vite possible dans ses avances d'engrais et à n'employer par conséquent que des matières susceptibles de lui revenir sous forme de produits agricoles pendant la durée de son assolement ou de son fermage. Mais, d'autre part, l'unité d'acide phosphorique pouvant lui être fournie à beaucoup plus bas prix dans les phosphates naturels moulus que dans les superphosphates, l'emploi sous les deux formes dépend essentiellement des conditions locales et des prix de transport. C'est ce qu'ont compris les fabricants de superphosphates, qui tendent de plus en plus à installer des usines régionales dans les pays de consommation, à les approvisionner avec des Phosphates riches importés et à dédoubler pour ainSi dire ces derniers sur place, de manière à réduire les frais de transport au minimum. (*) L. Aounimx, Notice sur le Corps des Mines. Imprimerie GauthierVillars et fils, Paris, 1897 (Centenaire de l'Ecole Polytechnique).