Annales des Mines (1898, série 9, volume 14) [Image 266]

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LA GRÈVE DES OUVRIERS MINEURS

en plus marqué ; il finit par les vaincre, et le coup de grâce leur fut porté, nous l'avons dit, par la décision de3 fournisseurs de ne plus faire crédit. Ils furent, littéralement, pris par la famine. IV EFFETS DE LA GRÈVE.

CONCLUSIONS.

Lorsqu'on parle, dans un milieu français, d'une grèv,, de 100.000 ouvriers pendant cinq mois, on s'imagine facilement un bouleversement inouï et durable, au point de vue social, politique et commercial. Sans doute, une pareille,

crise prend dans tous les cas les proportions d'une véritable calamité publique. En en indiquant, autant que nous le pourrons, les conséquences, nous arriverons peut-être à circonscrire l'étendue de ce bouleversement. Dans le cours de la grève, et surtout lorsqu'elle a été terminée, on s'est livré, dans maintes publications, à des évaluations des sommes qu'avait coûtées la grève à la

DU PAYS DE GALLES EN 1898

semble du Royaume, le vide produit par le chômage a été, pour une bonne part, comblé par les autres ports, c'est-à-

dire que les autres bassins ont bénéficié dans une large mesure de l'augmentation de la demande, et ils ont aussi bénéficié de l'augmentation des prix. Le tonnage perdu sera d'ailleurs probablement en partie retrouvé pendant les mois qui suivront la fin de la grève : c'est ainsi que le total des exportations, pour les neuf premiers mois de 1898 et pour l'ensemble du Royaume-Uni, ressort à 26.255.872 tonnes ("), contre 27.705.539 tonnes en 1897, soit une baisse de 1.449.667 tonnes ; ou, pour être plus juste,

en tenant compte de la progression probable, une dimi-

nution de 3 millions de tonnes. Les résultats du dernier trimestre permettront peut-être d'abaisser encore ce chiffre. C'est quelque chose sans doute, mais c'est moins qu'on ne l'a dit. EXPORTAIIONS PENDANT LES CINQ MOIS INTÉRESSÉS PAR LA GRÈVE.

si,

sur le tonnage non extrait, les patrons n'ont fait

aucun bénéfice, le tonnage extrait par les mines non associées (il est probable qu'il se monte à près du tiers du tonnage qui aurait pu être extrait, ce qui est loin d'être négligeable) a procuré des bénéfices considérables, puisqu'il a été vendu en partie à des prix presque doubles des prix usuels(*). D'autre part, ainsi que le montre le tableau comparatif des exportations des ports gallois et de l'en(*) Voir à l'appendice (p. 529) les prix pratiqués pendant la grève.

1897

1896

Grande-Bretagne. -- Pour faire cette évaluation, on a

totalisé les salaires et les bénéfices perdus par le Pays de Galles lui-même, les salaires des marins, etc. On a peut-être un peu trop oublié que ce qui fait le malheur de l'un fait quelquefois le bonheur des autres. Tout d'abord,

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Ports Gallois.

Avril Mai

Juin Juillet Aotit

GrandeBretagne.

Ports Gallois.

GrandeBretagne.

tonnes

tonnes

tonnes

tonnes

403.648 459.283 444.618 479.079 519.438

2.125.497 2.632.972 2.614.898 2.634.223 2.807.666

1.414.204 1.494.921 1.267.048 1.570.701 1.191.692

2.870.795 3.155.249 2.779.505 3.449.000 3.031.105

La conclusion à tirer de ces observations, c'est qu'il ne faudrait peut-être pas se hâter d'affirmer que les deux partis, épuisés par la lutte, sont très éloignés de là. recommencer. La leçon a été dure pour les ouvriers, coûteuse

P our les patrons, mais il se pourrait qu'elle ne fût pas (*) Pour les dix premiers mois, la baisse n'est plus que de 1.374.416

tonnes,