Annales des Mines (1898, série 9, volume 14) [Image 258]

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LA GRÈVE DES OUVRIERS MINEURS

DU PAYS DE GALLE EN 1898

Enfin on désignait des délégués chargés d'aller recueillir des fonds en Angleterre et à l'étranger. Comme on peut

bien le penser, les ressources recueillies à l'étranger furent à peu près nulles (*). Mais la propagande faite Angleterre fut très efficace.

en

Les fonds affluèrent au bout de peu de jours, et le!, souscriptions en argent atteignirent bientôt une moyenne de 7.000 livres par semaine, soit 25.000 francs par jour. Elles se maintinrent à ce taux jusqu'aux derniers jours de la grève : nous avons sous les yeux des souscriptiork: recueillies les 27, 29 et 30 août : elles dépassent toute.s 1.000 livres. Le Comité ouvrier constatait, le 26 août, que le montant total des sommes recueillies jusqu'à cette date dépassait 100.000 livres (2.500.000 francs). L'origine de ces sommes demande à être expliquée. Au premier rang parmi les souscripteurs figure la Fédération des Mineurs de Grande-Bretagne, qui a régulièrement donné 500 livres, puis 600 livres par semaine au fonds de secours, depuis le début de la grève. Cette puissante organisation, qui englobe près de 200.000 mineurs et

étend son influence sur un nombre plus grand encore, verrait un grand intérêt à ce que les mineurs du Pays de Galles se joignent à elle, et depuis sa fondation (1889) elle n'a cessé de leur donner des encouragements et do les pousser à la suppression de l'échelle mobile. L'agitation de 1892 a été en grande partie son oeuvre ; nombre de personnes en disent autant de la grève de 1898, bien que la Fédération ait pris soin de ne pas paraître officiellement; son chef notamment, M. Pickard, député aux Communes, >n'a voulu, à aucun moment, prendre une part (*) Il faut citer toutefois des sommes assez importantes recueillies a Vienne, où M. Abraham se rendit pendant la grève, pour assister au Congrès international des Mineurs. On raconte même, à ce sujet, un incident piquant Le député gallois

serait monté sur une table et aurait chanté un chant gallois pour

remercier les donateurs. On sait que les chants nationaux en langue galloise sont renommés.

505 quelconque au mouvement, en assistant, par exemple, à

des réunions. Il laissait .ce soin à M. Brace, son lieutenant, qui fut, d'ailleurs, assez maltraité par les ouvriers au début de la grève.

A côté de la Fédération figurent, sur les listes, un certain nombre d'Unions de Mineurs d'Écosse, ou du.

Centre, qui, .de temps en temps, contribuent à la souscription pour 50, 100, 200 livres. Puis, des Unions d'ouvriers

autres que les mineurs, des ouvriers d'entreprises déterminées, tels que les ouvriers de l'arsenal de Woolwich, fournissent des fonds. Ce n'est pas là seulement sympathie et charité : c'est le résultat évident d'une entente destinée à amener les mineurs gallois à se constituer en Unions, en leur faisant toucher du doigt les bienfaits de ces .organisations.

Mais ces souscriptions sont loin de former la part la plus importante des sommes versées. Ce sont les ouvriers des charbonnages non associés qui y contribuent pour la plus large part. -

L'Association des Propriétaires de mines de houille englobait, avons-nous dit, an début de la grève, 186 charbonnages, sur 439 qui figurent sur la liste officielle des charbonnages du Sud-Ouest, soit 42 p. 100 du total. Or les associés correspondent à une production de plus de

80 p. 100 du total. C'est dire que les charbonnages non

associés sont, à quelques exceptions près, outre les mines arrêtées ou sans extraction notable, de petites entreprises, vivant au jour le jour, n'ayant pas de contrats de longue

durée, et qui se sont, par conséquent, trouvées, du fait

de la grève, en mesure de réaliser d'énormes bénéfices en vendant leurs charbons aux prix qui ont été enregistrés

pendant cette période et qui ont été doubles ou triples

des prix habituels. Ces mines n'ont donc fait aucune diffiaux ouvriers les augmentations qu'ils demandaient cultépourac.corder

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