Annales des Mines (1898, série 9, volume 14) [Image 257]

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DU PAYS DE GALLES EN 1898

LA GRÈVE DES OUVRIERS MINEURS

de mars. Rien ne prouve que les prix auraient baissé ; au contraire. La clause 6 est tout simplement le droit donné aux ouvriers de recommencer, dans deux ans, la grève d'au-

jourd'hui, si le cur leur en dit. Il est vrai que, au cas où les salaires ne baisseraient pas au-dessous du taux (le mars 1898, ils n'auront ce droit qu'a partir du 1" janvier 1903 (clause 2). Autrement dit, l'accord doit être en vigueur pendant quatre ans et quatre mois 1-C'est la plus longue période d'engagement à laquelle les ouvriers aient consenti depuis 1887. En outre, le Mabon's day est aboli sans compensation. On devine les déplorables habitudes et les abus que révélait une pareille coutume. Il est certain que cette clause a été l'une des pertes les plus sensibles aux ouvriers, l'une des conquêtes les plus chères faites par les patrons. On le comprend facilement du côté de ces derniers : c'est, après tout, une économie de 4 p. 100 sur les frais généraux. Quant aux ouvriers, ils se plaignent amèrement que la suppression du Mabon's day leur enlève tout le temps dont ils avaient besoin pour discuter leurs intérêts.

A voir leur défaut d'organisation, la pauvreté de leurs ressources et leur complète défaite, on peut les consoler en leur disant que vraiment cette journée de congé, qui ne se défendait par aucune raison sérieuse autre que celle de leur donner le temps de s'organiser, a été, dans le passé, bien mal utilisée.

Arrivé au terme de ce bref exposé, nous

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Le nombre d'ouvriers mineurs de tout âge occupés dans

les houillères du Pays de Galles, tant au fond qu'a la surface, est d'environ 130.000, dont 10.000 à 12.000 en-

fants âgés de moins de seize ans. Le nombre des grévistes a varié, entre le mois d'avril et le mois de septembre, entre 85.000 et 100.000.

Ces ouvriers n'ont pas été les seuls atteints par le chômage. Les ouvriers des chemins de fer, des docks, etc.,

ont également eu à souffrir ; de sorte que le personnel privé de travail a été, à peu près pendant toute la durée de la grève, de 100.000 au moins. Si l'on tient compte des femmes et des enfants, c'est 200.000 à 300.000 personnes qui ont eu à chercher des ressources ailleurs. Le travail hors des mines leur en a donné, mais très peu. Les municipalités ont ouvert quelques chantiers elles ont profité de ce que c'était alors la belle saison, pour faire exécuter quelques travaux et ouvrir dans ce but des sortes d'ateliers communaux. Mais c'était bien peu de chose.

C'est principalement aux souscriptions des uns, à la sympathie et à la patience des autres, que les mineurs ont eu recours. Dès le 18-avril, à la suite de la réunion que nous avons citée plus haut, les ouvriers adressèrent aux journaux un long plaidoyer en leur faveur, en vue de s'attirer les sympathies publiques. Ils terminaient en disant : « Nous sommes absolument sans ressources. Il y a bien quelques Unions

de peu d'importance, mais la masse des ouvriers- est voudrions

chercher à répondre aux questions que le lecteur ne manquera pas de se poser. Comment une pareille masse d'hommes a-t-elle pu, pendant cinq mois, résister au chômage? Comment les moyens dont elle pouvait se servir ont-ils successivement échoué ? Quel est enfin le bilan social, politique et financier de cette terrible crise ?

en dehors d'elles, et elles-mêmes n'ont pas de réserves... Nous faisons donc un appel urgent en vue d'une réponse immédiate et généreuse. »

A la même réunion, on décidait, par 78 voix sur 101 délégués, que les ouvriers travaillant aux charbonnages non associés contribueraient au fonds commun pour la totalité des augmentations qu'ils obtiendraient.