Annales des Mines (1898, série 9, volume 14) [Image 249]

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LA GRÈVE DES OUVRIERS MINEURS

DU PAYS DE GALLES EN 1898

aussi vite ; c'est ce qui .expliquerait l'écart très pronom entre les salaires des ouvriers capables et ceux des autre-.

ne doivent pas être étrangers aux mauvaises habitudes

et en même temps la moyenne assez basse malgré de prix d'unité assez élevés. Cette élévation relative des prix d'unité ressort du, comparaisons que nous avons pu faire entre les divers bassins. En général, les couches exploitées dans le Centre

et le Nord sont moins épaisses, ou. plus dures que les Or couches galloises ; ou elles nécessitent un triage. les prix unitaires sont plutôt au-dessous qu'au-dessus de ceux qui sont payés dans le bassin du Pays de Galles. Ainsi, les prix types de la tonne abattue et chargée avec boisage du front de taille sont compris, dans ce dernier bassin, entre I schelling et 1 sch. 8 pence, ce qui fait

1 sch. 1 1/2 pence et 1 sch. IO 1/2 pence, au taux de mars 1898; alors que dans le Durham et le Northumberland les salaires varient de 10 pence à 1 sch. 6, et sont, en moyenne, de 1 sch. 2 par tonne, pour le Même travail

ilue dans .le bassin du Sud-Ouest ; de même dans le Centre. On peut objecter qu'on ne paie pas aux ouvriers gallois le menu qu'ils produisent. C'est même là l'une des causes du différend qui s'est élevé à la fin de 1891. Mais, si l'on considère les facilités qu'offre l'abatage, on trouve là une compensation suffisante. En résumé donc,

il semble que les salaires à la tonne du bassin du SudOuest, aux taux actuels, sont plutôt au-dessus qu'au-des sous des salaires payés dans le reste du Royaume-Uni. Mais la différence peut être inverse, si l'on considère -le prix de la journée ; car les ouvriers du Pays de Galles paraissent être moins exercés, moins appliqués que leurs

Camarades du Nord, et, en fait, ils produisent moins qu'eux. C'est la conséquence de ce que nous avons dit -sur la proportion d'ouvriers unskilled; peut-être aussi est-ce encore un résultat de la différence des races; enfin

et surtout les hauts salaires pratiqués en 1890 et 1891

prises par le personnel des houillères galloises. Un dernier point resterait à éclaircir ; sur celui-là

nous avons -peine à nous prononcer. Le coût de la vie serait-il plus élevé dans le Pays de Galles qu'ailleurs ? Au point de vue des denrées alimentaires et des vêtements, nous n'avons aucune donnée. Au point de vue du logement et du chauffage, il semble que les mineurs du Pays de Galles soient moins favorisés que ceux du Centre; nous croyons savoir en effet qu'ils ont à payer en général

pour leurs maisons un loyer de 4 à 5 schellings par semaine, et à payer leur charbon, à un prix de faveur il est vrai, tandis que bien des mines du Centre donnent Mais nous gratuitement le logement et le charbon. n'avons pas sur ce point de renseignements absolument certains.

De tout ce qui précède il semble en tous cas résulter que -les salaires actuels des mineurs du Pays de Galles sont plutôt élevés, ou qu'au moins ils ne sont pas audessous des chiffres considérés partout ailleurs comme très raisonnables. Si donc des demandes d'augmentation de salaires, des plaintes sur le taux actuel, se sont fait entendre pendant toute la durée de la grève, c'est parce qu'il ne peut pas y avoir de lutte ouvrière sans cela. Le point capital des revendications des ouvriers, en ce qui concernait le taux des salaires, c'était la question du minimum. Et il faut avouer que leurs appréhensions se comprennent facilement; et que la longueur de leur résis-

tance pourrait être expliquée par cette seule considération.

Des autres revendications formulées par les ouvriers au début de la grève, la seule qui ait quelque importance était celle qui visait le tiers arbitre. Depuis longtemps, les ouvriers réclamaient la création de ce rouage -dans le jeu du contrat de travail ; les patrons l'avaient toujours refusé.