Annales des Mines (1897, série 9, volume 12) [Image 46]

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8i SATURATION HYGROMÉTRIQUE DE L'ÉCORCE DU GLOBE

parable au volume que l'eau occupe à la surface même du globe, quelque vaste que soit le bassin de l'Océan ». Avant lui, Delesse est arrivé à la même conclusion. Il a évalué l'eau souterraine à '1.175.087 myriamètres cubes, soit

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du volume du globe, en admettant que les roches

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contiennent moyennement 5 p. 100 d'eau d'imbibition et

que l'écorce terrestre soit pénétrée par l'eau jusqu'à 18.500 mètres, point où, d'après Ch. Vogt (Grundrisse der Geologie), la température atteint environ 600°, et on

il y a équilibre entre la force élastique de la vapeur d'eau et la Pression supérieure, supposée réduite au poids des roches.

L'eau superficielle, en tenant compte seulement des mers, aurait, d'après Élie de Beaumont, un volume de 1.309.000 myriamètres cubes, soit I_ du globe. Ainsi

l'eau de carrière serait à peu près égale à l'eau superficielle. Delesse considère d'ailleurs que son évaluation de

5 p. 100 est trop faible pour la partie immergée, qui est beaucoup plus grande que la partie émergée, et regarde finalement comme très vraisemblable que, sur notre globe, il y a plus d'eau souterraine que d'eau superficielle.

Les roches, dans le sein de la terre, contiennent effectivement plus de 5 p. 100 d'eau en moyenne, puisque les calcaires, qui constituent la _majeure partie des sédiments,en absorbent, en moyenne, '14 p. 100, comme nous l'avons'

montré précédemment, à la fin de la première partie de ce travail, d'après les essais exécutés sur les pierres de taille au laboratoire de l'École des Ponts et Chaussées. D'autre part, d'après Delesse, les argiles en contiennent de 20 à 30 p. 100, les marnes de 20 à près de 40p. '100; enfin les roches dites éruptives n'en sont pas dépourvues.

SATURATION HYGROMÉTRIQUE DE L'ÉCORCE DU GLOBE 85

Étant donné les deux états de saturation de l'écorce, savoir : la saturation hygrométrique qu'on constate dès

qu'on descend, à une très faible profondeur, dans le sein de la terre, et en outre la saturation aqueuse qui existe nécessairement au-dessous du niveau des mers, il ne parait pas exagéré d'évaluer le cube des eaux souter-

raines au triple de celui des eaux superficielles, sinon

même au quadruple. Nous devons, toutefois, faire observer combien de semblables chiffres sont hypothétiques.

Les données actuelles de la géologie ne permettent pas d'assigner une valeur moyenne quelconque à l'épaisseur des terrains sédimentaires. A une certaine profondeur, variable suivant les régions, et généralement inconnue, il doit

exister un substratum, formé de roches

d'origine ignée, ne contenant qu'une proportion minime d'eau hygrométrique.

On serait même en droit de supposer que, plus bas encore, les roches étant soumises à des pressions croissantes deviendraient de moins en moins poreuses, de plus en plus sèches et denses, si les températures également croissantes auxquelles elles sont soumises ne venaient, en tendant à les dilater, mettre obstacle à leur contraction. Conclusion. On connaissait depuis fort longtemps l'eau de carrière et on savait que toutes les pierres en

contiennent plus ou moins, au moment de leur extraction. Nous avons :essayé de montrer qu'au-dessous d'une zone de dessiccation tout à fait superficielle les couches géologiques sont uniformément saturées d'eau hygrométrique,

et que l'origine de cette eau remonte à l'époque de la

formation des roches. Le volume qu'elle occupe dans les pores de l'écorce du globe, indépendamment de celui des nappes aquifères, est considérable, bien supérieur à celui des mers.