Annales des Mines (1897, série 9, volume 12) [Image 45]

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82 SATURATION HYGROMÉTRIQUE DE L'ÉCORCE DU GLOBE

qualité des eaux potables qui alimentent Paris, eaux qui sont phis ou moins souillées_ par les matières usées promais cela importe peu au point venant de la nutrition l'eau de de vue de l'origine première des chlorures, la Vanne amenée à Paris renferme moyennement, par mètre cube, 5 grammes de chlore ; l'eau de la Dhuis, 7; Peau de l'Avre, 12; sans parler du sodium et du magnésium dont le poids total est un peu 'inférieur à celui du chlore. De même, l'eau de la Marne contient 6 grammes de chlore ; la Seine, 7; l'Ourcq, 10. Si minime qu'elle soit, la salure des cours d'eau et- des sources ne laisse donc pas d'être appréciable.

A la suite de leur lixiviation continue Cycle salin. par les eaux pluviales, les couches supérieures du sol sembleraient devoir s'appauvrir progressivement; de façon

à ne plus renfermer aucune trace de sel, au bout d'une courte période. Puisqu'il n'en est pas ainsi, puisque les' sources contiennent toujours des chlorures, c'est qu'il se produit, vers la surface, une venue incessante de 'sels empruntés aux eaux plus profondes. Étant donnée la masse d'eau de mer logée dans l'écorce du globe, les sels qu'elle contient en dissolution tendent

à s'y. répartir plus ou moins uniformément ; les eaux supérieures appauvries s'enrichissent aux dépens des eaux un peu plus salées avec lesquelles elles se trouvent en

contact. Quantité de nappes d'eau, dans les terrains immergés, sont alimentées directement par la mer ; ce sont elles qui subviennent, en dernière analyse,. au maintien d'un certain degré de salure des terrains superjacents. Il y aurait donc, si l'on veut bien admettre cette explication, une circulation perpétuelle de sel marin. Parti des profondeurs de la mer, ce sel serait comme aspiré à travers l'écorce terrestre, grâce à son humidité, et retournerait à la mer, entraîné par les cours d'eau qui s'y jettent .

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Il est à remarquer d'ailleurs que l'apport journalier des fleuves et des rivières viendrait augmenter progressivement la salure des mers, si le cycle dont il s'agit n'existait pas. Absence d'évaporation des eaux profondes.

Revenons

maintenant à l'eau souterraine qui remplit les pores des roches, en la considérant indépendamment des sels qui s'y trouvent en dissolution. Il est bien certain que, dans la zone de dessiccation, elle

s'évapore, lorsque le temps est beau. Mais les pluies se chargent de restituer au sol son humidité normale. Il n'est- pas nécessaire de supposer, comme l'ont fait différents géologues, notamment Daubrée, à la suite de Descartes, que l'eau souterraine s'évapore également dans les grandes profondeurs. Malgré la haute tempéra-

ture qu'elle y acquiert, elle se trouve retenue à l'état liquide par la pression qu'elle subit de la part des couches supérieures. Nous ne -voyons pas de raisons d'admettre le contraire,

hors le cas de fissures débouchant au jour. Mais alors l'évaporation est très limitée, et bientôt suivie de condensation. C'est bien par de semblables fissures que jaillissent les sources thermales ; mais ces sources proviennent de nappes souterraines d'eau vive, et non pas d'eau capillaire vaporisée, puis condensée, dont le débit ne pourrait être qu'insignifiant.

Quantité d'eau incorporée dans l'écorce du globe. D'après Daubrée (*), « si l'on tient compte de la nature des

roches les plus abondantes, on doit reconnaître que la quantité totale d'eau, ainsi incorporée dans l'écorce solide, représente une quantité très importante, sans doute com(*) Les eaux souterraines à l'époque actuelle, t. II, p. 217.