Annales des Mines (1896, série 9, volume 10) [Image 50]

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APPLICATIONS GÉOLOGIQUES

DE LA SPÉLÉOLOGIE

Or, non seulement le dépôt de fluorine de Blue-JohnMine, bien que non plombifère lui-même, est très voisin

Ce qui me parait indiscutable à Blue-John-Mine, c'est le remaniement, la remise en mouvement du fluorure par les eaux d'infiltration après sa précipitation ; les trois preuves suivantes en font foi

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de veines de plomb exploitées avec plus ou moins d'insuccès à Odin-Mine, Speedwell-Mine, etc., ci-dessus mentionnées, mais encore toute la formation carbonifère du Peak est bouleversée en profondeur par trois injections d'une roche éruptive 'spéciale et imperniéable, de nature

trappéenne ou porphyritique, le toadstone, sur laquelle

difficile de ne on a longuement disserté (*). Il semble donc pas croire à la provenance toute souterraine du spath-fluor

dans cette région. Les adversaires de cette idée l'ont combattue en disant qu'elle ne permet pas d'expliquer comment le carbonate à de chaux de la Kraus-Grotte, en Styrie, s'est substitué du gypse, en lui empruntant sa forme de cristallisation 'comment, dans une mine de Laurium, se sont formées de vraies stalactites de calamine (carbonate de zinc) comment surtout le fluorure ne se rencontre plus à Blue-John-Mine au-dessous de 90 mètres de profondeur. Mais les accidents de la Kraus-Grotte et du Laurium sont des pseudomorphoses dues l'acide carbonique des eaux d'infiltration; quant à la disparition en profondeur, elle se retrouve dans beaucoup de filons, indubitablement injectés de bas en haut : et « ce résultat ne- doit pas' étonner... parce que les précipitations ont été vraisemblablement déterminées soit par la diminution de la température et de la pression, soit par le conflit avec les infiltrations descendantes. Elles constituent donc un phénomène relativement superficiel » (De Lapparent, Traité de Géologie, 3° éd.. p. 1505). (*) V. les ouvrages cités dans la liste bibliographique ci-après : Geol. of North-Derbyshire, p. 123 ; LECORNU, op. cit., p. 19 et 31;VoriGnoaDUSRÉNOY ET DE VON COTTA, op. cil., p. 223 ; DEctt, op. cit., p. 332; s.. BEAUMONT, op. cit., t. II, p. 515 et S. ; - FAUEY, Op. cil., p. 238 el MANVE. op. cil., p. 38 et s. p. 211 et s..

1° L'absorption et la circulation actuelles des eaux infiltrées qui forment dans la caverne de vrais ruisseaux souterrains. On sait, d'ailleurs, combien les eaux souter-

raines aiment à côtoyer les filons, qui ont utilisé euxmêmes les fractures du sol, et dont les gangues sont souvent délitables 2° La forme en éteignoir des doMeS, ou pipes (expansion irrégulière des rak,es), plus larges en bas qu'en haut, exactement comme les abinies creusés, aux dépens des diaclases, par des courants superficiels engloutis ; l'action des eaux descendantes est, de ce chef, indéniable ; 3° Les aspects divers de la fluorine elle-même : d'une part, en effet, on -la voit par places pendre aux voûtes en

véritables stalactites, que la chute et l'évaporation de suintements d'eau fluatée ont seules pu produire ; d'autre part, le fluorure de calcium se présente de différentes manières à Blue-John-Mine, tantôt en couches horizontales, entre deux lits, l'un d'argile, l'autre de barytine ; tantôt en géodes; tantôt entourant un noyau calcaire ; tantôt

irrégulièrement distribué dans des fissures verticales tantôt en blocs isolés dans l'argile (comme celui dont on a fait le vase de Chatsworth (*), la plus grande pièce manufacturée. de Blue-John). Mawe en énumère vingthuit sortes dissemblables, et dit (p. 70) que « tous les morceaux semblent avoir adhéré à quelque chose dont ils ont été séparés ensuite ». 11 est 'bien certain que les morceaux ainsi empâtés dans (*) Chàteau du duc de Devonshire, a 20 kilomètres sud-est de Castleton. Sur les traces d'exploitation romaine, V. Geology of NorthDerbyshire, p. 118. Sur le Blue-John, V. id., p. 161; -- FESSER, Oryctographie, p. 59;

1%IAwc, op. cit., p. 38 et 69-82.