Annales des Mines (1896, série 9, volume 10) [Image 28]

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APPLICATIONS GÉOLOGIQUES

llÉ LA SPÉLÉOLOGIE

d'arbres et entouré d'un mur pour empêcher les'accidents ;

on y peut descendre jusqu'au bord de la rivière, qui y coule à l'air libre, réapparue, puis réengloutie aux deux. extrémités opposées sous des strates rocheuses siphonnantes ; impossible de la suivre sous la terre ;

les deux

derniers trous, nommés Ladle (la Cuiller) et Churn (la Tous ont, en résumé, Baratte), sont moins importants. la plus parfaite analogie avec les Cénotés du Yucatan, ouverts par affaissement de voûtes au-dessus des eaux souterraines (V. Les Abîmes, p. '147 ; Reclus, XVII, p. 242). La caverne de Pollduagh, où renaît, pour couler serpentiforme et à l'air libre pendant 6 kilomètres, la rivière de Gort, ou rivière Cannahowna, n'est pénétrable que sur une dizaine de mètres ; le courant s'en &happe également par un siphon, à 26 mètres d'altitude, sous un auvent de roche haut de 6 mètres (V. la coupe fig. Pl. II). Elle s'est donc abaissée de 4 mètres sur un parcours caché de 1.350 mètres, soit 3 pour 1.000, ce giui est fort peu, car les pentes des rivières souterraines que j'ai étudiées ailleurs varient de 6 à 150 pour 1.000 (V. Les Abîmes, p. 70). C'est dans plusieurs Saugldcher (suçoirs) ou bétoires, au milieu de prairies, que s'opère presque insensiblement la nouvelle disparition de la rivière, au pied de la jolie ruine .

du château de Castletown et du talus du chemin de fer,

entre les stations de Gort et d'Ardrahan, à 12 mètre' d'altitude. A 1.100 mètres au Nord-Ouest, dans le beau parc privé de Coole, derrière le village de Kiltartan, une

qu'on le nomme trop pompeusement, est un irrégulier dallage carré de 10 mètres environ de côté ; il est si bien immergé dans l'eau qu'il ne forme nullement une voûte ; c'est plutôt un barrage qu'un pont, mais un barrage tellement disloqué que la rivière passe à travers et non par dessus, en attendant qu'elle l'ait complètement ruiné et emporté. On retrouve le même phénomène dans le Yorkshire, à Ged's-Bridge (près Ingleton) au pied occidental d'Ingleborough Hill.

A moins de 200 mètres plus loin, se trouve une cinquième perte (*), pareille à la première de toutes ; l'altitude n'est plus que de 9 mètres, et le courant se précipite violemment dans un trou terreux, comme la perte du Bandiat chezHRoby (Charente). Des bois flottés et des flocons d'écume tournoient lentement et sans arrêt dans un large bassin naturel qui précède l'entonnoir. La dernière réapparition se fait voir à 350 mètres de là, toujours dans le parc de Coole. Enfin, la rivière court libre, mais pour 2 kilomètres seulement, car le lac Coole (Coole-Lough ; altitude, 8 mètres)

l'arrête au passage et, comme il n'a point d'émissaire aérien, elle est contrainte encore « de chercher sa route par les passages souterrains du lac Caherglassaun (**) vers la mer à Kinyarra, où une partie tout au moins de ses eaux trouve une issue par les joints des rochers dans le voisinage de Dungory-Castle » (Kinahan, op. cit., p. 149).

Dungory-Castle est à 8 kilomètres au nord-ouest de

source de fond, Polldeelin, analogue au Loiret, ramène une

Coole-Lough, ce qui ne donne plus que 1 pour 1.000 de

fois de plus le courant au jour, à 10 mètres d'altitude. A moins de 500 mètres plus loin, elle disparaît, pas pour longtemps, et seulement sous une assise de strates calcaires fissurées, affaissées, mais pas encore emportées par le courant ; superficiellement, ce « pont naturel », ainsi

(*) Sans considérer comme tels les regards de Punch-Bowl, Ladle et Churn. (**) D'après le County Map au 10,560.1e niveau de Coole-Lough a été de 29 pieds en janvier 1838 et de 16 pieds en mai 1838, celui de Ca.herglassaun-Lough, de 13 pieds en juin 1838 et de 26 pieds en février 1839 (le pied est de 0-,30479). Tome X, 1896.