Annales des Mines (1896, série 9, volume 10) [Image 27]

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DE LA SPÉLÉOLOGIE

du Jura, des Causses, des fjords de Norvège, etc. C'est

104) que certaines parties de cette vallée ont pu être jadis des cavernes ; le critérium me

un difficile problème que je n'ai pas abordé. Dans sa Iiiihlenkunde (p. 114), M. Kraus semble avoir voulu amender sa théorie des effondrements : il explique comment la rupture de voûte de la toute petite grotte de Lantscharieuz est due à la dénudation superficielle, ainsi

que diverses autres du même genre (dans le massif du Dachstein), et il ajoute que « les phénomènes du Karst ne peuvent s'expliquer que par les effets combinés de l'érosion surperficielle et de l'éroSion souterraine ». Voilà qui .

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APPLICATIONS GÉOLOGIQUES

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m'eût mis d'accord avec lui, si, dans une note toute récente (*) sur le même sujet, il ne disait: « La limite oh cesse la grotte et où commence la doline est particulièrement difficile à tracer; car des effondrements de grottes résulte cette sorte de dépressions que l'on désigne comme vraies dolines (**), à la différence des entonnoirs du Karst (Karst-Trichter), qui se forment en. si grand nombre dans le Karst aux orifices de cavernes

conduisant dans les profondeurs. » Quand nous aurons ajouté que ces cavernes profondes (Les Abîmes français) portent encore une troisième désignation : jamas , en slovène, et -Schacht (Schâchte , puits de mine), en allemand, on avouera que toutes ces nomenclatures et distinctions sont véritablement bien subtiles et obscures.

M. Kraus propose, d'ailleurs, un assez bon moyen de reconnaître les dépressions qui peuvent être formées par des affaissements de cavernes : c'est de rechercher si leurs parois présentent des traces de revêtements stalagmitiques, qui se dégradent moins. vite ,à l'air que la roche calcaire ordinaire. Au pont d'Arc, et le long du cafimi de l'Ardèche, j'ai observé ainsi des restes de stalactites, et j'en ai conclu (*) Zerstirte Hâblen (grottes détruites), OEsterreichische Tourislen Zeitung, de Vienne, 15 avril 1896. ("*) V. aussi flohlenkunde, p. 119.

(Les Abîmes, p.

paraît assez positif.

La question des vallées inachevées pourrait être très fructueusement étudiée dans l'Irlande occidentale. En juillet 1895, j'ai soigneusement examiné à ce point de vue le cours de la curieuse rivière de Gort (comté de Galway), citée par MM. Daubrée (Eaux souterraines, p. 353) et Kinahan (Valleys, p. 148), et figuré les détails de ces accidents (Voir fig 1, Pl. II). Le Lough (lac) Cooter est à l'altitude de 35 mètres. La première perte de la rivière Beagh , qui en sort, s'effectue à 30 mètres (*), parmi des crevasses impénétrables, encombrées de terre, de pierres et de branchages, au pied d'un petit cirque profond de 17 'mètres, dont les pentes ébouleuses ne sont retenues que par une très vive végétation; c'est, en beaucoup plus pittoresque et avec un bien plus gros volume d'eau, la répétition de la Perte de .

d'Issendolus (Lot) (V. Les Abîmes, p. 294) ; sur une ligne de 1.350 mètres, sinueusement développée à la surface du sol, il y a cinq effondrements, qui sont bien des regards ouverts sur et par le courant souterrain et que l'on nomme en Irlande des slug g as- ; le premier n'a qu'une dizaine de mètres de profondeur sur une quarantaine dé diamètre et n'arrive pas jusqu'à la surface de l'eau; tous

les autres laissent vair un instant dans leur fond le courant sombre ; le deuxième, nommé le Devil' s-Punch-

Bowl (Bol à Punch du Diable), est le plus régulier ,et profond de 15 mètres ; le troisième, Black-Water (Eau Noire), le plus allongé, constitue un grand fossé, courbé du Sud au Nord-Ouest, long de près de 200 mètres, profond de 15 à 20 et large de 20 à 40; il est rempli (*) Ces altitudes, exactes, sont déduites tant de la carte au 10.560. que de mes observations barométriques repérées d'après cette carte.