Annales des Mines (1896, série 9, volume 9) [Image 317]

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DISCOURS PRONONCÉS AUX FUNÉRAILLES

DISCOURS DE M. LINDER Inspecteur général des Mines, Vice-Président du Conseil général des Mines, AU NOM DU CORPS DRS MINES.

Messieurs,

Lorsqu'il y a lieu de jours, nous avons accompagné M. l'Inspecteur général Dupont à sa dernière demeure, celui dont il avait été l'infatigable et dévoué collaborateur à la Direction de l'École des Mines, M. Daubrée, était déjà très sérieusement souffrant, mais rien n'indiquait que sa belle et verte vieillesse dût succomber à quelques jours de là sous l'étreinte de l'implacable maladie. L'espoir des siens, celui de ses amis, devait être tristement déçu.

L'éminent orateur. que vous venez d'entendre vous a parlé du -savant et du vide que sa mort va laisser dans la

science, de l'homme et de son caractère, des amitiés nombreusesâ fidèles qu'il laisse derrière lui ; qu'il me soit permis, à mon tour, de vous dire les services rendus à des titres divers par l'Ingénieur et le fonctionnaire.

M. Daubrée, à sa sortie de l'École Polytechnique, en 1832, avait choisi la carrière 'des .mines. DèS ses débuts,. il s'appliqua avec ardeur à l'étude des sciences, auxquelles il devait vouer son existence : en .1837, il se Vit chargé,. comme Élève-ingénieur, d'une mission en Angleterre, d'en il rapporta de précieuses observations. A son retour, il était nominé Aspirant, prenait le service du sous-arrondissement minéralogique du Haut-Rhin et, deux ans après, de celui du Bas-Rhin, avec résidence à Strasbourg, ne devait plus quitter qu'en 186-1. Son service

était peu chargé, mais il sut suppléer à ce défaut d'importance par les projets qu'il savait provoquer, comme par les travaux scientifiques personnels auxquels il se livra et qui ne tardèrent pas à lui- ouvrir les portes de la Faculté des

DE M. DAUBRÉE

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sciences de Strasbourg, où il professa la géologie et la

minéralogie. En 1840, le Conseil général du Bas-Rhin le chargea de l'exécution de la carte géologique de -ce département, con-

fiée primitivement à M. l'Ingénieur en chef Voltz et que la mort de ce savant géologue avait inopinément interrompue. Ce très important travail, remarquable-par son exactitude, fut -terminé en 1848, et publié en 1852. Nommé Ingénieur en chef en -1855, M. Daubrée vit ses fonctions administratives augmenter d'importance ; divers travaux d'ordre technique avaient été confiés aux Ingénieurs de son arrondissement minéralogique : parmi eux se trouvaient les travaux de captage des sources de Plombières, exécutés de 1857 à 1861 par Jutier, qui mirent, Comme on sait, en complète évidence> gisement des eaux minérales de cette localité et donnèrent les résultats pratiques les plus utiles. La réputation de M. Daubrée comme géologue avait dépassé la frontière, et plus d'une fois appel fut fait à sa science et à son expérience. C'est ainsi qu'en 4860, la Compagnie concessionnaire du chemin de fer de Luxembourg à Trèves ayant reconnu, pendant l'exécution de la

ligne, que le tracé fixé dans la vallée de la Moselle la mettait en présence de difficultés qu'il lui était impossible de surmonter, la question fut -soumise à l'étude de trois ingénieurs, M. Daubrée et. deux Belges.. Ces ingénieurs constatèrent la réalité des difficultés signalées, prouvèrent qu'elles créaient de véritables dangers pour l'établissement de la ligne et pour son exploitation et qu'on ne les éviterait

qu'en reportant le tracé de la vallée de la -Moselle dans celle de la Syre. Leur conclusion fut adoptée, et le service

rendu au Grand-Duché par M.. Daubrée fut jugé assez considérable pour lui valoir la Croix de Commandeur de l'Ordre de la Couronne de Chêne, qui lui fut conférée par le roi de Hollande.