Annales des Mines (1896, série 9, volume 9) [Image 110]

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ÉTUDE ADMINISTRATIVE

SUR LES MINES DE RANCIÉ

Comment la propriété individuelle ordinaire s'y constitua-t-elle peu à peu ? Le problème dépasse singulièrement la région géographique considérée, il ne rentre pas dans mon sujet et je me garderai bien de l'aborder. Tout

effet. Il était si facile, d'ailleurs, pour ne point vendre la. mine et le fer dans la vallée aux étrangers,. de les leur

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au plus peut-on dire, par simple aperçu, que les champs et les prés, la montagne et la plaine, que tout ce qui peut se

partager en plein soleil se prêtait plus facilement à la division superficiaire que ce bien particulier qui s'enfonçait

sous terre et y suivait une direction inconnue. Comme, ait demeurant, la matière était abondante et d'excellente

qualité, que chacun, avec un trou dans la terre et mi soufflet portatif en peau ("), pouvait faire sa pelle, ou son soc, ou son marteau, ou même son épée, on puisait au gîte et l'on commençait le gaspillage que l'avenir devait développer.

.

Dix années .à peine après l'octroi de Charte de 1304. la charte en question, s'élèvent déjà des difficultés sur le mode de jouissance. Roger Bernard n'avait pas prévu le transport du minerai ou du fer hors des limites qu'il avait tracées. Grave lacune ! Mais son fils et successeur n'entendait pas se priver de leude pour d'autres que les habitantS de la vallée de Vicdessos. Aussi, dès 1304 une autre charte du comte Gaston dispose que « lesdits habitants ont pu et pourront à l'avenir tirer la pierre de fer de nos. dits miniers dans les susdites limites, et la travailler à leur volonté sans nous donner aucun subside de leude ou de. péage, et de ladite mine en faire du fer dans les limites de la vallée et non ailleurs; et ne pourront vendre ladite mine à aucun étranger dans la vallée ; s'ils le font, que lesdits étrangers nous paient et soient tenus de payer ladite leude dans les susdites limites ». La timide restriction introduite ne pouvait avoir grand

porter ! De cette façon, « ladite leude » n'était pas payée au comte, et le mineur pouvait en exiger tout ou partie pour ses peines et soins. .Et puis, la mine, même vendue dans les limites assignées, ne l'était pas en un seul et même lieu. Ott placer les officiers chargés de colliger la redevance ? Il fallait pourvoir à ces nouvelles difficultés.

Charte de 1355. C'est pourquoi le comte de Foix intervient encore, par l'intermédiaire, cette fois, de noble et puissant homme Raymond d'Alby, seigneur de Gaure, son sénéchal. En 1355, la population étant représentée. par les consuls de Vicdessos, il est dit et convenu que le seigneur Sénéchal accorde ou confirme toutes sortes d'exemptions de redevances et paiements de leudes ayant trait aux

objets les plus divers, « avec cette restriction et réserve. spéciale expresse que pour la mine que lesdits habitants ou quelqu'un d'entre eux emportera, ils payeront la leude comme les autres étrangers qui exporteront la mine payeront

et devront payer ; de même, ils seront tenus de payer la leude du fer fait de ladite mine comme les personnes qui habitent au dehors de ladite vallée payeront et devront payer » et, afin que rien de ce qui est vendu n'échappe à la redevance, il est ordonné que le minerai sera exposé « au lieu

dit Pré-de-Vie et que ladite .mine ne puisse être

vendue ailleurs par personne ». Quant à la leude, elle sera de 2 deniers tolosains pour 3 quintaux (150 livres

« payables au pas de Sabart, ou ailleurs, comme ils ont accoutumé d'y porter ».' Tout n'est-il pas bien prévu ? Ordonnance de 1.403.

(.) FRANÇOIS, /oc, cit., p.311.

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Non, car on s'aperçoit que, pour

échapper au fisc, les voituriers, loin de passer au pas de