Annales des Mines (1896, série 9, volume 9) [Image 109]

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SUR LES MINES DE RANCIE

ÉTUDE ADMINISTRATIVE

pratiquées dans le cours des siècles en descendant successivement le long .de l'affleurement, depuis la grande tranchée à ciel ouvert située au sommet même du pic. Aujour-

d'hui, les seuls niveaux en activité sont au nombre de trois, savoir : le plus élevé, celui de Sainte-Barbe ; celui

de Becquey, à 140 mètres environ au dessous, et situé un peu au-dessus du village de Sem ;, et, enfin, celui dit de la République, ouvert, il y a douze ans environ, à 80 mètres

au-dessous de Becquey. Les divers renflements rencontrés au niveau de Becquey, à partir du point on le traversbancs de ce nom, après 350 mètres de parcours, a recoupé le filon, portent, en allant de l'ouest à l'est, les noms suivants : l'Espérance, l'Escudelle d'en bas, l'Escudelle d'en haut, les Grottes, le Petit-Gîte, la Fontaine, le GrandGîte ou l'avancée de Becquey, et la Petite-Veine. Sur une longueur totale de là galerie, dans la fracture utile, qu'on peut estimer à 750 mètres, il faut compter un peu moins des deux tiers dans ces épanouissements féconds : le reste est dans la trace stérile ou en plein rocher. § 2.

HISTORIQUE.

Le plus ancien monument écrit se Charte de 1293. rapportant aux mines de Rancié est une charte de Roger

Bernard, comte de Foix et de Castellion, remontant a 1293, et qu'il faut nécessairement citer quand on s'occupe

de leur régime. Dans l'ouvrage de François, il en est donné un court extrait ; lorsqu'on le compare à une traduction plus récente (*) et très complète, qui a paru en 1865, on constate quelques divergences ; cette dernière a l'avantage de montrer que, contrairement à ce que l'on pourrait (*) Recueil des Titres authentiques concernant les Mines de Ranci(, réunis par les soins de M. Raymond Barbe. Toulouse, 1865.

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croire, le privilège concernant les mines de fer était une partie très faible de l'ensemble des libéralités auxquelles se livrait le seigneur : citons seulement quelques lignes, en deux passages différents, sur huit pages de traduction,

oit il est question de mille choses. Ces deux passages sont ainsi rapportés dans l'ouvrage précité Nous donnons et accordons plein pouvoir à tous et à chacun de ladite vallée de fabriquer et d'aiguiser tous

les instruments de fer, de quelque nature qu'ils soient, comme ils voudront, et suivant leur volonté, en quelque lieu que ce soit, et pour qui que ce soit, les ouvriers étant à

leur choix, ne les astreignant pas d'aller à telle fabrique plutôt qu'à telle autre, sans s'en tenir à ce qui aurait été autrement réglé, en les dégageant des restitutions et promesses. faites aux taillandiers ou à leurs commis. Voulons, accordons et ordonnons que nous ou qui que ce soit, tant nos baillis que nos officiers, ne puissent faire

aucune défense aux habitants présents et à venir ou à quelqu'un des leurs sur leurs mines ou à cause de leurs mines de fer dans ladite vallée, et jusqu'aux limites fixées plus bas, à moins que les mineurs, les forgerons ou leurs garçons, les ouvriers et les chefs de forge travaillant dans lesdites mines n'agissent avec fraude et injustement, etc... » Il faut encore reproduire les lignes suivantes Accordons aux susdits habitants et à chacun d'eux plein

pouvoir de pêcher, de se baigner, de puiser de l'eau dans toutes les fontaines, ruisseaux et rivières, de s'en servir pour

les irrigations et usines, de faire du charbon, couper les arbres... etc... » En somme, le territoire culte et inculte, montagne et plaine, prés et forêts étaient englobés dans la donation. Spécialement pour ce qui concernait les minerais de fer, il était permis de les exploiter, de les travailler, de les vendre sans payer aucun droit (leude),- mais tout cela dans les limites

de la vallée.