Annales des Mines (1895, série 9, volume 8) [Image 15]

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DÉGAGEMENTS DE GAZ INFLAMMABLES SURVENUS

DANS DES CARRIÈRES D'ARGILE PLASTIQUE.

Cause probable des dégagements gazeux. Quelles sont l'origine et la nature de ces gaz inflammables, si dangereux et si imprévus dans des exploitations d'argile? Il semble possible de répondre à la question avec quelque

dans les poches de l'argile, on doit sans doute les attribuer à la décomposition des vieux bois abandonnés, car ils ont, d'après les glaisiers, une odeur spéciale, analogue

certitude.

Tout d'abord, il s'agit de gaz comprimés, puisqu'ils s'échapPent sous pression et avec un sifflement léger ;

le dégagement paraît ensuite limité en durée, car les flammes allumées à l'orifice des trous de sonde s'éteignant au bout de peu d'instants. On est donc, semble-til, en présence de gaz enfermés sous pression, dans de.s espaces clos ou poches, et ces poches, dans une couche aussi plastique que celle d'argile, ne peuvent provenir que des anciens vides de l'exploitation. Le fait que les dégagements se produisent uniquement dans les vieilles glaisières confirme cette manière de voir. ii k

Il est d'ailleurs naturel qu'une certaine quantité d'air se trouve emprisonnée au sein des argiles, après l'aban-

don des chantiers si la coulée des glaises obstrue d'abord l'origine d'un rameau, la partie postérieure de ce rameau forme par là-même une poche remplie d'air, que comprime peu à peu la pression des argiles supérieures et latérales. Le même fait rend compte de l'existence des poches d'eau; car la nappe qui surmonte les deux couches exploitées peut envahir les vides abandonnés, à la faveur des mouvements de terrain,

très importants et très sensibles, que provoque le déplacement de l'argile. Il arrive même que la poche reste en communication avec le niveau d'eau supérieur : si

les travaux viennent alors à la rencontrer, la carrière est noyée rapidement, fait qu'on a plusieurs fois constaté. Ces considérations expliquent l'utilité et les résultats des sondages pratiqués à l'avancement des galeries, sondages qui donnent des écoulements d'eau ou d'air ; quant aux gaz inflammables, qui sont évidemment mêlés à l'air

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à celle des bois pourris qu'on retrouve dans les anciennes exploitations.

On pourrait encore songer à un gaz provenant des lignites intercalés dans l'argile : sans repousser cette hypothèse d'une manière absolue, nous ferons remarquer que les lignites sont en trop faible quantité pour donner lieu 'à des dégagements sérieux ; d'ailleurs on n'expliquerait ainsi ni l'odeur si caractéristique des gaz, ni leur absence constante dans les glaisières exploitées depuis peu.

Il semble donc que les bois abandonnés se décompo-

sent, dans les poches de l'argile, en présence de l'eau et de l'air comprimé, produisant ainsi un gaz inflammable dont une faible partie, tout au plus, pourrait provenir des lignites ; la décomposition est sans doute fort lente, mais il ne faut pas oublier que les glaisières voisines des fortifications de Paris sont exploitées depuis de longues années. Quelques glaisiers prétendent que le gaz inflammable

ne sort pas de l'argile, mais du cendrier, et qu'il a parfois une odeur semblable à celle du soufre qui brûle : il n'est pas impossible en effet, dans notre hypothèse, que des gaz s'échappent par les fissures du cendrier pour se répandre dans les chantiers situés au-dessus de ce banc, mais ils proviennent alors des poches de la couche d'argile inférieure ; ils peuvent même sortir de la

couche la plus haute si les fissures du cendrier, disloqué par les exploitations sous-jacentes, sont assez grandes pour mettre en communication par le bas une

poche de l'étage supérieur et une galerie du même étage. La présence d'un niveau d'eau à la base du cendrier explique aussi comment les fissures de ce banc