Annales des Mines (1895, série 9, volume 7) [Image 318]

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628 SUR L'OXYDATION DU COBALT ET DU NICKEL

avec le plus grand soin m'ont donné la certitude qu'il n'en était rien. D'ailleurs, les différences de couleur et de composition, observées entre les suroxydes que forment les deux mé-

taux, paraîtront moins surprenantes, si on les rapproche des différences que présentent le cobalt et le nickel dans d'autres circonstances. Je signalerai notamment l'action de l'eau oxygénée.

Si l'on opère la précipitation par la potasse après. addition d'eau oxygénée en excès et que l'on porte à l'ébullition, on observe que

1° Le précipité fourni par le nickel est vert clair, absolument comme en l'absence d'eau oxygénée ; l'essai oxydimétrique montre que c'est véritablement de l'hydrate de protoxyde de nickel ; 2° Le précipité obtenu avec le sel de cobalt est d'un brun assez clair, très facile à distinguer, à la simple vue, des suroxydes obtenus par le brome, l'iode ou les hypochlorites.

En l'essayant par la méthode précédente (iodure de potassium, acide chlorhydrique et hyposulfite de soude),

j'ai trouvé que la proportion d'oxygène disponible est exactement de 1 atome pour 2 atomes de cobalt; c'est-àdire que sa composition répond exactement à la formule du sesquioxyde : Co' 0. La différence d'aspect si frappante, qui existe entre le

sesquioxyde produit par l'eau oxygénée et les autres suroxydes de cobalt, est donc bien d'accord avec la différence de leurs compositions. Le suroxyde obtenu par l'emploi du brome ou de l'iode

n'est pas un sesquioxyde, mais devrait être représenté par la formule Co' 0'," ou Co80". Peut être devrait-on le considérer comme un oxyde salin formé par du bioxyde uni à du sesquioxyde de cobalt : Cu'On = 2 Co02. 3 Co203.

EN LIQUEUR ALCALINE.

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L'oxyde produit par l'hypochlorite pourrait, de la même façon, être considéré comme un oxyde salin Co"0" = 2 Co02, 4 Co20s.

Mais, sans s'arrêter davantage à des interprétations hypothétiques, on ne peut hésiter à conclure des expériences précédentes que la formule attribuée jusqu'ici aux peroxydes de cobalt formés par les oxydants ordinaires est réellement inexacte. Au point de vue analytique, l'erreur n'est pas très importante, si l'on calcule le cobalt d'après le poids du peroxyde; car elle ne dépasse pas 1,14 p. 100 de la teneur réelle. Mais elle est bien autrement grave si l'on emploie la méthode volumétrique de Fleischer ; en effet, attribuer au suroxyde la formule Co'03 au lieu de la formule Co203", c'est donner à l'oxygène disponible par rapport au cobalt, une valeur trop faible dans le rapport de 1 à 1,25 onde 4 à5. Inversement, lorsqu'on estime le cobalt d'après la quantité d'oxygène disponible, la formule Co203 fait attribuer au métal une valeur exagérée dans la proportion de 5 à 4, c'est-à-dire de 20 p. 100 trop grande. Ces observations aboutissent donc aux conclusions pratiques suivantes La méthode volumétrique, appliquée au peroxyde de nickel seul, précipité par la potasse ou la soude après action du chlore, du brome ou d'un hypochlorite, donne

des résultats exacts, en même temps que rapides, puisque la composition du suroxyde, après un bon lavage, répond

toujours à la formule Ni20'. Quant au cobalt, on n'est en droit de lui attribuer cette formule, que s'il a été précipité par la potasse ou la soude caustique en présence d'eau oxygénée. Dans ce cas seulement, on a vraiment du sesquioxyde, qui, après ébullition et lavage, pourra fournir un bon