Annales des Mines (1895, série 9, volume 7) [Image 143]

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278 NOTICE NÉCROLOGIQUE SUR ERNEST MALLAIID.

NOTICE NÉCROLOGIQUE SUR ERNEST MALLARD. 279

Mallard, par son enseignement, n'avait accompli qu'une révolution didactique. Il lui était réservé d'en provoquer

gues à ceux dont les corps colloïdes sont le siège.

une autre, bien plus profonde, et par laquelle il est permis de dire que la face de la minéralogie a été entièrement renouvelée. Le séjour de Paris avait quelque peu changé les habitudes du professeur de Saint-Étienne. Soustrait au contact des choses de l'industrie, en possession d'un laboratoire bien outillé, tenant à sa disposition une collection incomparable, il devait être tenté d'y faire quelque trouvaille. Un esprit de sa trempe se fût mal accommodé de

bre de cas, que, sur les sections minces des minéraux

recherches de détail, et c'eût été pour lui un maigre résultat de pouvoir ajouter, de temps en temps, une face inconnue au catalogue des formes d'une espèce. En vrai

Mallard fit voir, par l'examen détaillé d'un grand nom-

étudiés, on voyait, comme M. des Cloizeaux l'avait déjà constaté pour le quartz, se dessiner des secteurs, le plus

souvent limités par des lignes droites, et dont chacun offrait une orientation optique spéciale. Ainsi les cristaux réputés simples résultent en réalité d'une multiple association d'individus, venant se grouper sous une gaine ou enveloppe commune, et la symétrie de cette enveloppe

est généralement plus élevée que celle des individus constituants. Tantôt, comme dans le grenat ou la sénarmontite, quarante-huit pyramides tricliniques viennent s'assembler autour d'un même point, parce que leur angle

philosophe, c'est vers la connaissance de la structure

au sommet est tel, que, par cette juxtaposition, elles

intime des cristaux qu'il se sentait attiré. Après la vigoureuse impulsion que M. des Cloizeaux avait donnée aux études optiques en lumière polarisée convergente, Sorby

remplissent tout l'espace, en s'enfermant sous une enveloppe qui diffère infiniment peu, soit d'un dodécaèdre

était venu, qui, par l'examen des plaques minces en lumière parallèle, avait, en quelque sorte, doté les obser-

vateurs d'un sens nouveau, dont la pétrographie commençait à tirer un merveilleux parti. Mallard entreprit d'appliquer cette méthode à l'analyse des anomalies optiques des cristaux. De là est sorti le beau mémoire de 1876 , point de départ d'une ère nouvelle pour la science, et où le minéralogiste, hier encore inconnu, se révélait d'emblée savant de premier ordre. On savait, depuis les recherches de Brewster, que plusieurs espèces cristallisées offraient, sous le microscope polarisant, des apparences contradictoires avec leur symétrie extérieure. Pour expliquer ces singularités, Biot avait eu recours à l'hypothèse, bientôt reconnue inadmissible, de la polarisation lamellaire. D'autres imaginaient une sorte de trempe cristalline, produisant, dans l'intérieur des cristaux, des effets de tension analo-

rhomboïdal, soit d'un octaèdre. Tantôt, comme dans l'analcime, trois cristaux d'apparence quadratique et presque cubiques paraissent se pénétrer, orientant leurs axes respectifs suivant trois directions rectangulaires, et se revêtant extérieurement d'une gaine pseudo-cubique. Encore un examen plus approfondi fait-il voir que ces

cristaux élémentaires ne sont qu'approximativement quadratiques, et que chacun d'eux est formé de deux individus en réalité rhombiques. C'était beaucoup d'avoir constaté et défini cette com-

plication. Mais il fallait en donner la raison, et c'est ici qu'éclate l'esprit philosophique de Mallard. En étudiant les groupements classiques de l'aragonite, ce carbonate de chaux prismatique dont les assemblages à axes parallèles affectent si souvent une symétrie hexagonale, il remarque que les paramètres cristallographiques de la substance diffèrent très peu de ce qui conviendrait à une Symétrie ternaire parfaite. Il constate que les secteurs