Annales des Mines (1894, série 9, volume 6) [Image 162]

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DISCOURS PRONONCÉS AUX FUNÉRAILLES

DE M. E. MALLARD.

nées, le principal initiateur des grands développements qu'a reçus alors notre système d'instruction. Mais d'ailleurs c'était sur tous les terrains que cet esprit charmant marquait son empreinte. Dans la conversation il se dérobait souvent avec réserve ; mais cette retraite modeste laissait l'impression de la justesse et de la précision, de la bonne grâce et de la bonté. Je me laisse aller, Messieurs, à vous représenter notre pauvre ami tel que de longues années me l'ont si bien fait connaître. Il était l'honneur même ; l'honneur tellement sûr de lui qu'il n'a pas besoin de s'enfermer dans une armure d'apparente rigidité, et qu'il peut rayonner librement. Adieu, mon vieux camarade ; adieu, Mallard! Tu as passé parmi nous en donnant le modèle d'une vie de travail et d'honneur. Que Dieu t'en accorde aujourd'hui la

C'est donc un témoignage de reconnaissance que nous devons d'abord à M. Mallard; c'est aussi l'expression de notre profonde admiration pour ses travaux minéralogi-

récompense !

Le problème était des plus ardus ; l'insuffisance des explications proposées éclatait à chaque fait nouveau d'observation dont s'enrichissait la science, quand, en

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DISCOURS DE M. MICHEL LÉVY Ingénieur en chef des mines, Président de la Société franeise de minéralogie, AU NOM DE LA SOCIÉTÉ FRANÇAISE DE MINÉRALOGIE.

Messieurs,

J'ai la douloureuse mission d'adresser, au nom de la Société française de minéralogie, un. dernier hommage et

un dernier adieu au savant illustre qu'elle était fière de compter parmi ses fondateurs. Notre Société date de 1878; dès 1879, M. Mallard .était appelé à la présider par le voeu unanime de ses confrères et de ses disciples, et depuis lors, il n'a cessé de joindre ses efforts à ceux de notre vénéré maître, M. Des Cloi-

zeaux , pour assurer la prospérité de l'oeuvre dont ils avaient fondé les bases d'un commun accord.

ques, dont l'éclat a si souvent rejailli sur nos propres publications.

Depuis longtemps, l'attention des savants avait été appelée sur de singulières anomalies optiques qui se pré-

sentaient en contradiction apparente avec les formes extérieures et la symétrie cristallographique de certains minéraux. Dès 1841, Biot avait consacré à ces anomalies un mémoire étendu et sa conclusion avait consisté à assimiler l'édifice cristallin des minéraux anormaux à des piles de glaces. D'autres savants, appartenant notamment à l'École allemande, recouraient aux phénomènes de trempe et de tension inégale des corps colloïdes.

1877, dans un mémoire magistral, M. Mallard fit jaillir la

lumière dans les ténèbres et résolut le problème en le ramenant à l'étude approfondie des groupements, dont les macles sont un cas particulier. S'élevant sans effort à une haute conception philoso-

phique, il a montré que tout se réduit en somme à la tendance naturelle des corps vers une symétrie extérieure plus grande que celle qui résulterait de leur propre réseau; s'il n'y avait pas de groupement.

Dès lors, la Société française de minéralogie a pu assister à une série de discussions qui rappelaient par plus d'un côté la lutte mémorable soutenue jadis par Fresnel dans une autre enceinte. M. Mallard en est sorti, lui aussi, définitivement triom-

phant, et ses collègues ont eu, maintes fois, l'occasion de constater que, comme tous les vrais savants, il avait