Annales des Mines (1894, série 9, volume 6) [Image 160]

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DISCOURS PRONONCÉS AUX FUNÉRAILLES

DE M. E. MALLARD.

qu'aux expériences faites dans ce but à la poudrerie de Sevran-Livry par une délégation de la Commission des substances explosives. Avec la collaboration de MM. Le Chatelier et Bruneau, il reconnut que les explosifs alors

riels ou les honneurs, qu'elle aurait pu lui procurer ; ingénieur d'une rare valeur, il n'avait de préoccupation que le perfectionnement de l'industrie extractive et la

connus enflammaient tous les mélanges dangereux de gri

sou et d'air, et il dirigea aussitôt les recherches vers la découverte d'explosifs nouveaux d'un emploi plus sûr. L'idée de se servir, à cet effet, de l'azotate d'ammoniaque lui donna la clé du problème, dont la solution vint ajouter

sécurité des ouvriers. Comment la mort d'un pareil homme n'éveillerait-elle

pas dans tous les curs les plus vifs et les plus sympathiques regrets ? Le Corps des Mines et la Société géologique de France en apportent ici, par ma voix, le douloureux témoignage.

à la dette de reconnaissance que lui devaient déjà les ouvriers, les ingénieurs et les exploitants des houillères. Mallard était inspecteur général depuis 1886, officier de la Légion d'honneur depuis 1888. Le 14 avril 1890, il

avait été chargé, en outre de ses autres fonctions, de l'inspection de la division minéralogique du Nord-Est, et il siégeait, en cette qualité, au Conseil général des mines;

là, comme partout ailleurs, ses rares qualités lui donnèrent promptement une grande autorité, qui le désignait

d'avance pour occuper un jour le fauteuil de la présidence.

Vous venez d'entendre, Messieurs, ce qu'a été la vie de l'ingénieur, du savant, du fonctionnaire. Que dirai-je de l'homme ?

Il était la bonté même. D'une très grande modestie, il fuyait avec soin toutes ces manifestations extérieures, auxquelles le public croit reconnaître un homme supérieur. Intelligence ouverte aux questions les plus étran-

gères à ses occupations, il savait résister à l'esprit de routine , auquel les plus distingués se laissent parfois entraîner, et il n'hésitait jamais à défendre avec fermeté

ce qui lui semblait vrai ou devoir réaliser un progrès réel. L'opinion des autres à cet égard lui importait peu. Fonctionnaire intègre , sa conscience lui dictait son devoir ; grand savant, il étudiait la science pour la satisfaction qu'elle lui donnait, non pour les avantages maté-

DISCOURS DE M. HATON DE LA GOUPILLIÈRE Membre de l'Institut, Inspecteur général des mines, Directeur de l'École nationale supérieure des mines,

AU NOM DE L'ÉCOLE NATIONALE SUPÉRIEURE DES MINES.

Messieurs,

Le coup le plus cruel vient d'être porté à l'École des Mines. Quelques instants ont suffi pour lui enlever l'une

de ses gloires, l'un de ses professeurs les plus aimés. Ernest Mallard y était devenu l'objet du respect et de l'affection de tous. D'une extrémité à l'autre de la hiérarchie, chacun voyait en lui un esprit créateur et un homme excellent.

Il est né à Châteauneuf, dans le département du Cher, le 4 février 1833. Reçu en 1851 à l'École Polytechnique, il entra en 1853 à l'École des Mines. Nous l'y avons vu revenir en 1872 comme professeur de l'une de nos premières chaires, celle de minéralogie. Depuis lors, pen-

dant vingt-deux ans, il a su y former de nombreuses promotions d'ingénieurs, y attirer le public éclairé et y faire connaître les admirables théories par lesquelles il a renouvelé la face de cette belle et difficile science.