Annales des Mines (1894, série 9, volume 5) [Image 73]

Cette page est protégée. Merci de vous identifier avant de transcrire ou de vous créer préalablement un identifiant.

LES EAUX MINÉRALES DE PF,EFERS-HAGATZ.

LES EAUX MINÉRALES DE PF.EFERS-RAGATZ.

thermales et l'origine qu'on leur attribuait. Nous exa-

tait. Mais ce n'est qu'en 1240 qu'elles furent retrouvées par deux autres chasseurs, Bas et Thouli de Vilters (dont les familles reçurent, en conséquence, le privilège perpétuel de s'y baigner gratuitement) et que le prince abbé de Pfiefers, Hugo 11 de Villingen, eut l'idée de les utiliser. A cette époque, il n'y avait d'autre moyen d'accéder aux sources que de se faire descendre, sur 80 mètres de haut, au moyen de cordes enroulées sur des treuils et d'échelles suspendues ; généralement, on enveloppait les malades dans une couverture accrochée à la corde et, quand ils étaient trop sujets au vertige, on leur bandait les yeux. Une fois en bas, ils trouvaient de simples pis-. cines creusées sur la source même, dans le rocher, et couvertes d'un toit ; et, pour éviter de renouveler trop souvent cette périlleuse descente, ils restaient plusieurs jours consécutifs dans le bain. Cet état de choses fut un peu amélioré en 1382, par Jean de Mendelburen, qui construisit, toujours à la source même, en travers du lit du torrent, une maison de bois,. soutenue au-dessus du vide par des solives encastrées dans le rocher. On continuait à s'y faire descendre dans une couverture ou un fauteuil suspendu à une corde et l'on entrait dans cette étrange demeure, sombre même en plein midi, par une ouverture pratiquée dans le toit mais, du moins, on disposait d'un logement dans les intervalles des bains. Quoique beaucoup de malades, d'après un auteur ancien, eussent si peur en apercevant ce mode de transport, qu'ils repartaient immédiatement chez eux sans prendre les eaux, les baigneurs commen-

140

minerons successivement : I. Historique ; II. Géologie de IV. Captage. la région ; III. Description des sources ;

I. - HISTORIQUE. La source thermale de Pfiefers est située dans le canSuisse et ton de Saint-Gall, presque à la frontière de la Liechtenstein, dans le lit de la Tade la principauté de

mina, torrent qui, quatre kilomètres plus bas, se jette dans le Rhin à Ragatz (21 kilomètres en aval de Coire).

La Tamina (sur les anciennes 'cartes; Caminus) prend sa

source au pied du Sardona et coule, de l'ouest à l'est, jusqu'à Yetis, où elle reçoit un affluent, le Gürbsbach, puis se coude dans le prolongement de celui-ci (c'est-àdire N.-S), et, au pied du village de "Valens, s'engage dans une gorge profondément encaissée de 6 à 10 mètres de large et 200 mètres de profondeur (dont les derniers environ 80 mètres absolument verticaux) sur 300 mètres

de long. C'est presqu'a l'entrée amont de cette gorge, aujourd'hui célèbre comme la plus sauvagement pittoresque de Suisse, au fond .de cet étroit couloir abrupt, thermale. A sur le bord du torrent, que suinte la source la sortie aval de la gorge, on trouve l'établissement actuel ravin, un des bains de Pliefers, construit en 1704, et le peu plus large mais toujours très encaissé, se prolonge jusqu'à Ragatz , où, depuis 1839, l'on amène les eaux dans des établissements plus importants (*). La découverte des sources remonte à 1038. C'est en cette année qu'un des chasseurs du couvent voisin de Pftefers, Karl de Hohenbacken, aperçut, en poursuivant des oiseaux, sur le bord du gouffre, la fumée qui en mon(). Voir la carte d'ensemble, page Pl. III, fig. 2.

150

et la carte géologique,

141

cèrent à affluer et l'on cite, parmi eux, en 1523, le célèbre réformateur Ulrich von Hutten (*) qui, d'ailleurs, paraîtil, prit les eaux sans aucun succès, ayant eu un temps pluvieux pendant toute la durée de son séjour. (*) Ulrich von, Hutten, par D.T. Strauss, t. Il, p. 309-310.