Annales des Mines (1893, série 9, volume 4) [Image 221]

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RELATIONS ENTRE LA PRESSION, LE VOLUME

est de même universellement considéré comme l'état liquide. Prenons, par exemple, un certain volume de gaz acide carbonique, à 50°C ou à une température plus élevée, et soumettons-le à une pression croissante, jusqu'à 150 atmosphères. Dans cette opération, le volume du gaz diminuera à mesure que la pression augmente, et il n'y aura nulle part diminution abrupte de volume, sans application d'une force à l'extérieur. Une fois la pression tout entière appliquée, faisons descendre la température jus-

qu'à ce que l'acide carbonique soit arrivé à la température ordinaire de l'atmosphère. Pendant toute cette opération, il n'y a point de brèche de continuité. On com-

mence avez un gaz, et, par une série de changements graduels qui ne présentent nulle part , ni réduction abrupte de volume, ni évolution subite de chaleur, on termine avec un liquide. L'observation la plus exacte ne fait jamais découvrir le moindre indice d'un changement d'état dans l'acide carbonique, ni de la présence simultanée, à aucun période du procédé, de deux états physi-

ET LA TEMPÉRATURE DE L'ACIDE CARBONIQUE. 437

sion, l'acide carbonique se trouve, il est vrai, dans ce qu'on peut décrire comme un état d'instabilité; et il passe subitement, avec évolution de chaleur et sans application de pression additionnelle ou changement de température, au volume qu'il n'aurait pu atteindre, au moyen du procédé continu, que par un chemin long et détourné. Dans le changement abrupt qui se produit ici, on observe une différence bien marquée entre les caractères optiques et les autres propriétés physiques de l'acide carbonique qui s'est réduit en liquide et celles de l'acide carbonique non encore changé. Ici on peut distinguer sans difficulté le liquide du gaz ; mais, dans d'autres cas, cette distinction ne peut plus se faire; en effet, sous la plupart

des conditions que j'ai décrites, on essayerait en vain d'assigner à l'acide carbonique l'état liquide plutôt que l'état gazeux. »

Études récentes sur l'état de la matière au voisinage du point critique. - Malgré la large simplicité de ces

ques de la matière dans le tube... Pour. plus de clarté,

vues, on s'est parfois demandé si c'est bien à une identité des deux états qu'on doit l'effacement du ménisque et la

j'ai divisé ce procédé en deux phases, savoir : celle de la compression de l'acide carbonique et celle de son refroi-

disparition de toute apparence d'hétérogénéité dans le tube à pression porté successivement à des températures

dissement; mais ces deux opérations auraient pu s'accomplir simultanément , pourvu que l'on prit soin de régler la pression et le refroidissement, de manière que

croissantes, ou bien s'il n'intervient pas quelque effet soit de mélange, soit de dissolution, entre deux états,

la pression ne soit jamais au-dessous de 76 atmosphères, lorsque la température de l'acide carbonique est tombée jusqu'à 31°...

Expériences de MM. Cailletet, llautefeuille et Colardeau. - MM. Cailletet et Hautefeuille ont pensé pouvoir

« Les états gazeux et liquide ordinaires ne sont au fond que des formes largement séparées d'une même condition de la matière, et on peut les faire passer de Fun à l'autre par une série de gradations tellement insensibles que le passage ne présentera nulle part ni lacune ni solution de continuité... « Sous certaines conditions de température et de pres-

physiques qui seraient cependant encore distincts.

utiliser, pour étudier cette question, la propriété que possède l'iode de se dissoudre dans l'acide carbonique liquide en le colorant; perfectionnée par MM. Cailletet et Colardeau (*), l'expérience est la suivante. On dépose (*) Cailletet et Colardeau, Sur l'état de la matière au voisinage du point critique. (Ann. chim. et phys., 6' série, 1888, t. XV, p. 269.)