Annales des Mines (1893, série 9, volume 4) [Image 128]

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NOTE SUR L'EXPLOSION DE GRISOU

SURVENUE AU PUITS DE LA MANUFACTURE.

Le mélange explosif ainsi constitué s'est déplacé dans le

tation proprement dits soient efficacement isolés des vieux travaux et que les courants d'aérage qui ont tra-

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sens que lui imprimait l'action du ventilateur, et il a atteint les barrages du plan Pataud. Or, le barrage de gauche, qui était particulièrement chaud, devait, en rai-

son de l'affaissement des terres, être réduit, dans sa partie supérieure, à une épaisseur de quelques centimètres seulement ; il offrait donc un passage éminemment favorable au mélange explosif, lequel a rencontré les feux derrière ce barrage, s'est enflammé à leur contact et a

communiqué l'inflammation à la masse gazeuse tout entière. L'explosion s'est produite 25 minutes environ après la remise en marche du ventilateur, c'est-à-dire au bout d'un

délai qui paraît correspondre à la durée nécessaire au -

transport du mélange explosif sur le foyer de l'incendie. Cette explication des phénomènes est absolument confirmée, d'ailleurs, par les constatations faites au sommet du plan Pataud. Il résulte en effet de ces constatations que les désordres, nuls au voisinage du sommet de ce plan, s'aggravaient à mesure que l'on s'en éloignait : or, on sait aujourd'hui que, au centre même de l'inflammation, les phénomènes dynamiques doivent être faibles, le violent tourbillonnement qui constitue l'onde explosive ne se pro. duisant qu'a une certaine distance. On peut donc placer avec certitude au sommet du plan Pataud le point d'origine de l'inflammation.

versé ces derniers soient maintenus complètement séparés

de ceux qui aérent les premiers ; dans le même ordre

d'idées, il est à désirer que l'exploitation soit conduite de manière à laisser les vieux travaux en amont-pendage. Cette catastrophe a prouvé, de plus, que l'on ne doit jamais compter sur l'étanchéité d'un barrage, quelles que soient les précautions qui aient présidé à son,établisse-

ment et à son entretien; de là, la nécessité d'en interdire le contact à un courant d'air chargé de grisou. Enfin, elle a montré quelles conséquences fatales pouvait avoir une organisation défectueuse de l'aérage d'une mine envahie par les feux : il résulte effectivement des circonstances de l'accident que non seulement toute perturbation du régime normal, telle en particulier que des changements de sens du courant, y constitue une cause terrible de danger , mais encore que la détermination même du sens à adopter pour le courant d'aérage est un élément essentiel de la sécurité.

CONCLUSIONS.

Le terrible événement du 6 décembre porte avec lui -des enseignements qu'il importe de dégager.

Il a tout d'abord mis en lumière les dangers que présentent les gaz combustibles enfermés dans les vieux travaux, même entourés de barrages. Il faut évidemment, pour assurer la sécurité, que les travaux d'exploiTome IV, 1893,

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