Annales des Mines (1893, série 9, volume 4) [Image 127]

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SURVENUE AU PUITS DE LA MANUFACTURE.

NOTE SUR L'EXPLOSION DE GRISOU

Cette exploration avait été particulièrement pénible ; sur 27 lampes qui avaient été emportées, 5 seulement

avaient pu résister; et c'était seulement l'emploi de la lampe électrique Trouvé qui avait, permis de relever le croquis du sommet du plan Pataud ; le plan Manet demeurait toujours inaccessible.

L'exploration de ce plan ne pouvait s'entreprendre sûrement qu'après l'exécution de travaux assez longs. Cette exploration n'aurait d'ailleurs fourni aucun fait essentiel, puisque le centre de l'explosion était déterminé avec certitude ; il n'y avait donc pas intérêt à faire da-

vantage. Dans la nuit du 14 au 15, un premier barrage fut établi au pied 'du plan Pataud; il fut complété ultérieurement conformément aux dispositions des

fig.

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de la Pl. I. Le 18 janvier, l'enquête était close définitivement. CAUSES DE L'ACCIDENT.

Les ingénieurs de l'État, après avoir démontré l'inanité de diverses hypothèses mises en avant pour expliquer la catastrophe, sont arrivés à la conclusion qu'elle devait

être;attribuée à l'arrêt du ventilateur du puits .de la Manufacture dans la matinée du 6 décembre. Cette conclusion découle des considérations suivantes.

Si l'on examine l'ensemble de :la mine qui a été- le théâtre de la catastrophe, on trouve le puits du GrandTreuil, de 310 mètres de profondeur, librement ouvert au jour ; à l'amont-pendage, le puits des Mottetières, .profond de 100 mètres et également ouvert, au jour ; les deux autres puits, celui de la Manufacture et celui de la Pompe,

sont fermés, l'un par .des Clapets qui se déplacent avec les cages, l'autre par des plafonds fixes. Les niveaux d'orifice de ces divers puits étant très peu différents,' il est certain que,. si le ventilateur du puits

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de la Manufacture était arrêté et que toutes les portes fussent ouvertes dans la mine, l'air entrerait par le puits du Treuil pour sortir par le puits des Mottetières ; en d'au-

tres termes, il se produirait une aspiration des Mottetières vers le Treuil, aspiration que faciliteraient les feux existant au sommet du plan Pataud et au milieu du plan Mallet : le courant serait donc naturellement ascensionnel le long de ces plans. Le ventilateur du puits de la Manufacture, dont le rôle

consiste à déterminer un courant descensionnel sur ce même trajet, doit, par suite, triompher de la résistance que cette tendance naturelle à l'ascension ne manque pas de lui opposer, et c'est précisément cette tendance qui reprendra le dessus si la marche du ventilateur vient à subir un arrêt. Le refoulement de l'air, produit dans les plans inclinés par la marche du ventilateur, a, d'autre part, pour effet de maintenir à droite et à gauche de ces plans les gaz combustibles existant dans les vides des vieux travaux; l'arrêt du ventilateur, en supprimant brusquement cette .compression, permettra l'invasion des plans inclinés par ces gaz combustibles, qui se dirigeront naturellement vers les points où la diminution de pression aura été le plus sensible, c'est-à-dire vers le plan Mallet, où ils trouveront accès par, les fissures qui le font communiquer avec les vieux travaux. Si le ventilateur est alors remis en marche, le courant d'air que le ventilateur obligera à descendre le plan Mal-

let rencontrera les gaz combustibles qui auront envahi celui-ci.

C'est cette rencontre qui a dû se produire le 6 décembre 1891 entre l'air envoyé par le ventilateur d'une part, et les gaz combustibles d'autre part, rencontre qui, a dû donner lieu :à- un mélange d'autant plus intime de ces .éléments que la vitesse du courant d'air était plus faible.