Annales des Mines (1893, série 9, volume 3) [Image 316]

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L'INDUSTRIE DES HUILES DE scnisTE

tion de la voie à suivre pour tenter de nouvelles améliorations et parer dans une certaine mesure à un abaissement des droits sur les pétroles. L'étude que nous allons faire des procédés actuels de l'industrie des huiles de schiste en France et en Écosse, suivie de leur comparaison et des recherches de laboratoire que nous avons faites pour vérifier si les procédés anglais sont applicables à nos schistes , sera donc un complément de quelque utilité aux remarquables études publiées en 1871 dans les Annales des mines. Nous prions les industriels écossais et français qui nous ont fourni les éléments de ce travail, de vouloir bien recevoir ici l'expression de notre vive reconnaissance pour l'excellent accueil que nous avons trouvé auprès d'eux. INDUSTRIE DES HUILES DE SCHISTES BITUMINEUX DE L'ALLIER ET D'AUTUN.

L'industrie des huiles produites par la distillation des schistes bitumineux a commencé en France peu de temps après les premières recherches faites sur ce sujet par Laurent de Reichenbach, vers 1830; l'emploi pratique des huiles de schistes pour l'éclairage date en France de 1839, époque à laquelle Selligue , qui poursuivait des recherches sur la distillation des schistes d'Autun, réussit à épurer les huiles qu'on en retire, et inventa les procédés d'où dérivent, avec quelques perfectionnements, les systèmes actuellement en usage. L'industrie des schistes bitumineux en France est antérieure de quelques années à celle des schistes d'Écosse. Les principaux gisements de schistes bitumineux actuellement reconnus en France sont ceux d'Autun et de Buxières-les-Mines exploités régulièrement, le pro-

EN FRANCE ET EN ÉCOSSE.

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mier depuis 1862, le second depuis 1858. Il existe aussi quelques exploitations dans le -Var, le Puy-de-Dôme et les Basses-Alpes ; mais sur 210.000 tonnes de schistes bitumineux (dont 9.000 de boghead) produits en '1890, le bassin d'Autun entre pour 156.000 et celui de Buxières pour 51.000 tonnes, soit ensemble la presque totalité de l'extraction. Nous ne nous occuperons donc que de l'industrie des bassins de Buxières et d'Autun. L'étage des schistes bitumineux de Buxières et d'Au-

tun appartient au terrain permien. Dans la région de Buxières, il comprend essentiellement des grès et schistes de couleur noirâtre, analogues à ceux du terrain houiller,

et se caractérise par trois niveaux qui sont de bas en haut : 1° la houille ; 2° le schiste bitumineux; 3° des bancs de silex, calcaire fétide et schiste bitumineux mince intercalés dans les grès. Le niveau de la houille comprend une seule couche exploitable de 2 mètres environ d'épais-

seur; le niveau du schiste comprend deux bancs de schiste, dont l'un des deux est seul exploitable dans chaque concession. Le bassin d'Auttm comprend deux étages : un étage

inférieur appartenant au terrain houiller et exploité à Épinac , et un étage supérieur contenant les schistes bitumineux, qui paraît appartenir au terrain permien ; région contenant les schistes s'étend sur une superficie de 18.000 hectares. L'étage des schistes bitumineux contient neuf couches reconnues, dont sept exploitables.

Leur épaisseur utilisable est en général de 2 mètres 2m,50, sauf la couche supérieure exploitée aux Télots qui n'a que 1 mètre environ d'utilisable, mais comprenant une couche de 0",25 de boghead qui lui donne une valeur considérable. Dans le bassin de Buxières, on exploite donc le char-

bon et le schiste,' tandis que, dans celui d'Autun, on