Annales des Mines (1893, série 9, volume 3) [Image 315]

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L'INDUSTRIE DES HUILES DE SCHISTE

EN FRANCE ET EN ÉCOSSE.

de l'Autunois de soutenir la lutte contre ce produit nouveau, et de conserver à la France une industrie essentiellement nationale et digne de l'intérêt de tous. Elles ont exercé une très réelle influence sur les perfectionnements considérables dont elle a été l'objet, dans le sens indiqué pa.r ces ingénieurs, et grâce auxquels la production des schistes en France a pu atteindre, dans ces dernières années, un chiffre presque triple de celui

cours. moyen des pétroles raffinés s'est maintenu à

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de 1864.

Malheureusement pour cette industrie, c'est moins à ces améliorations qu'a la protection assurée par nos tarifs douaniers qu'il faut attribuer ce développement. En effet, le prix de revient encore très élevé de l'huile brute de schiste, supérieur au prix actuel des pétroles bruts rendus dans nos ports, son faible rendement en huile d'éclairage, la médiocre qualité des produits qu'on en retire ne permettent de vendre les huiles de schiste que moyennant un droit très élevé sur les pétroles : l'industrie des huiles de schiste en France est donc aujourd'hui à la merci des tarifs de douane. Antérieurement à 1863, époque de l'arrivée des pétroles

américains sur les marchés d'Europe , les huiles de schiste d'éclairage, qui n'avaient à lutter que contre les huiles végétales, ne se vendaient pas au-dessons de 90 à 95. francs les 100 kilogrammes. La concurrence des

60 francs les 100 kilogrammes en entrepôt, soit 63 francs

à l'intérieur en tenant compte des 5 p. 100 ad valorem, chiffre très supérieur encore à la valeur actuelle, droit de douane acquitté, du pétrole américain. À partir de 1871 , la chute des cours des pétroles s'est accélérée, mais des droits de douane beaucoup plus élevés que les 5 p. 100 ad valorem, d'abord 32 francs aux 100 kilogrammes d'huile épurée jusqu'en 1881 , puis 25 francs jusqu'en 1892 , sont venus compenser pour l'industrie indigène des huiles de schiste l'abaissement du prix des pétroles américain ou russe tombé aujourd'hui à 15 francs, et même moins, les 1.00 kilogrammes, fût compris, hors douane, et ce sont ces droits qui seuls ont permis à notre industrie schistière de prendre un certain développement.

Mais cette diminution continue du prix des pétroles a déterminé , dans ces dernières années , un mouvement d'opinion en faveur du dégrèvement des droits sur cette matière, devenus très supérieurs à sa valeur dans les pays qui les produisent ; comme en 1871, l'existence même de l'industrie des huiles de schiste en France est remise en question, et les pouvoirs publics ont dû se préoccuper à

nouveau de sa situation actuelle et des améliorations ..possibles qu'elle comporte.

les 100 kilogrammes d'huile de schiste lampante se

Chargé par M. le Ministre du commerce d'étudier en France et à l'étranger les conditions de l'industrie des huiles minérales, nous avons été amené à examiner sur place dans le courant de février 1892, la fabrication des huiles de schiste en France et en Écosse, et à rechercher

livrent à 30 francs et au-dessous, fût perdu. De 1863 à 1871 , les seuls droits de douane dont étaient frappées les huiles minérales consistaient en une taxe de 5 p. 100 ad valorem, et, si malgré ce faible droit les huiles de schiste indigènes ont pu lutter avec la concurrence étrangère, c'est que, pendant cette période, le

a pu prendre en Angleterre un essor considérable, sans droits protecteurs. La comparaison des procédés usités dans ces deux pays nous a conduit à penser que notre industrie indigène pourrait sinon appliquer directement les méthodes écossaises, y trouver du moins une indica-

pétroles d'Amérique fit descendre rapidement les prix de vente d'abord à 55 francs en moyenne de 1863 à 1871, puis à des cours de plus en plus bas, et enfin aujourd'hui,

notamment comment une industrie, si précaire chez nous,