Annales des Mines (1893, série 9, volume 3) [Image 13]

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BASSINS .HOUILLERS DU NORD DE LA FRANGE

les parties plus sinueuses. Les portions connues de ces axes ou lignes directrices, si on les trace sur la carte d'Europe, suffisent à faire ressortir très nettement le des-sin général de l'ensemble ; ainsi, si l'on considère l'ouest de l'Europe, le sud de l'Angleterre correspond à l'Ardenne ; les plis du sud de la Bretagne et de la Vendée vont,s'épa-

nouir dans le Plateau central, puis ils se relèvent vers le

sud-est pour aller en partie rejoindre les Vosges et la Forêt-Noire. Les lacunes sont trop grandes sans doute

pour qu'on puisse avec certitude suivre un pli déterminé sur toute la longueur de la chaîne ; mais les données sont suffisantes pour un raccordement approximatif, et elles permettent, dans les parties recouvertes par les terrains plus récents, de prévoir non seulement quelle était la direction générale, mais quelles étaient les inflexions principales du réseau étudié. Plus le problème semble complexe, c'est-à-dire plus il y a de lignes directrices à raccorder, plus se restreint le nombre des solutions possibles ; grâce au parallélisme général que les lignes de raccordement doivent affecter, les renseignements que l'on a sur chacune d'elles s'ajoutent les uns aux autres et déterminent presque sans ambiguïté l'allure d'une ligne moyenne, que toutes les autres devront suivre à plus ou moins grande distance. Cette première donnée est précieuse, si incomplète et si peu précise qu'elle puisse d'abord sembler; on peut dire qu'elle a renouvelé nos notions, non pas sur la connaissance, mais sur l'interprétation de l'ancienne géologie de l'Europe. De plus, pour la question qui nous occupe, elle permet une comparaison d'ensemble avec le réseau des plis plus récents. Ces derniers peuvent s'étudier précisément sur les emplacements où les plis paléozoïques sont masqués et soustraits à l'observation. Mais cette étude n'est pas sans difficultés : d'abord, comme on le sait, ces plis sont très peu accentués, et l'on serait même

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ET DU SUD DE L'ANGLETERRE.

en droit de contester que le mot pli puisse s'appliquer convenablement à ces ondulations des couches qui, à part quelques exceptions, laissent à peine constater à l'oeil un écart appréciable avec l'horizontalité primitive. De plus,

les cultures et les terrains superficiels ne laissent que de loin en loin apparaître les couches en place; et enfin l'uniformité de la craie sur de grandes épaisseurs, jointe à la rareté des fossiles, ne permet que très difficilement d'y reconnaître et d'y suivre des horizons précis. Toutes ces difficultés ont été peu à peu surmontées, en grande partie grâce aux travaux d'Hébert, et dernièrement, il y a trois ans, M. Dollfus, en reprenant la question dans son ensemble, a pu pour la première fois, dans un travail justement remarqué, donner sur une carte au 1/1000000

un tracé général des ondulations de la craie dans le bassin de Paris (*). M. Dollfus a pris, comme base de son étude, la surface formée par le sommet de la craie, celle sur laquelle se

sont déposées les premières couches tertiaires. Cette surface ne correspond pas partout à une même assise, les terrains tertiaires reposant-, suivant les points, sur des étages plus ou moins anciens de la craie ; elle est le résultat de la dénudation de la craie par l'invasion progressive des mers tertiaires. Pratiquement on peut la considérer comme ayant été au début à peu près horizontale, et par conséquent ses ondulations actuelles indiqueront les mouvements subis pendant la période tertiaire. À l'aide des affleurements, et surtout à l'aide des renseignements fournis par les puits et sondages,

M. Dollfus est arrivé à tracer les courbes de niveau de cette surface ; ces courbes mettent en évidence une série .de dépressions et de saillies , et leurs sinuosités des(*) Bulletin des services de la Carte géologique, n° 14, t. 11, juillet 1890. Tome ID, '1893.

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