Annales des Mines (1892, série 9, volume 2) [Image 328]

Cette page est protégée. Merci de vous identifier avant de transcrire ou de vous créer préalablement un identifiant.

LE GRISOU AUX MINES D'ANZIN. 1810-1892.

LE GRISOU AUX MINES D'ANZIN. 1810-1892.

reconnu un débit de 18 mètres cubes a.la seconde; tous les ouvriers étaient munis de lampes Dinant. On sait qu'une condition essentielle du fonctionnement du système de fermeture de ces lampes était que le couvercle fût vissé à fond sur le réservoir ; or, quand on ra-

des règlements qui remontent à une époque ancienne, et sanctionné par des pénalités qui sont appliquées par les chefs, lesquels s'assurent dans leurs tournées si les lampes sont réellement fermées. Si on donnait aux ouvriers mineurs les lampes allumées et fermées à clef, on rencontrerait les inconvénients

6_50

massa les lampes des victimes, 'on s'aperçut qu'elles étaient toutes deux incomplètement vissées et que l'une d'elles laissait un vide au-dessus du réservoir. C'était celle-là qui avait déterminé l'explosion, soit que l'inflammation se fût communiquée par ce vide, soit que la flamme eût été chassée du treillis par un courant d'air un peu rapide ou même par le dégagement un peu vif du soufflard.

Cet événement attira plus que jamais l'attention des exploitants ,et de l'Administration des mines sur la régle-

mentation de l'éclairage de sûreté. Le rapport suivant va donner une idée exacte de l'opinion qui avait cours cette époque. Rapport sur les lampes de sûreté. - « La Compagnie d'Anzin emploie dans ses fosses à grisou la lampe Davy ordinaire et la lampe Dinant; « Depuis, toujours lés lampes. Davy sont préparées dans la lampisterie par des ouvriers spéciaux qui, après les avoir nettoyées, y placent une mèche, un tissu propre et les garnissent d'huile. Elles sont remises aux ouvriers non allumées et non fermées lors de leur arrivée à la fosse. Ayant reçu sa lampe, le mineur achève de disposer la mèche, il allume le feu et opère la fermeture avec des clefs établies à demeure près de la lampisterie.

« Au fond, lorsqu'une lampe s'éteint, le mineur peut la rouvrir et la rallumer ; mais pour cela il doit se transporter à l'accrochage ou bien sur des points spécialement désignés, où le grisou n'existe pas, et où se trouvent des clefs de secours. « Tel est l'ordre établi à la Compagnie, consacré pal'

651

suivants

« Dans les fosses importantes, il y a parfois des coupes de 500 et 600 ouvriers il faudrait donc allumer cinq cents ou six cents lampes à l'avance ; ces lampes attendraient parfois une demi-heure, une heure et même plus encore, avant l'arrivée de l'ouvrier. Pendant ce temps la fumée, la suie et l'huile encrasseraient le tissu, et le mi;

neur trouverait sa lampe salie en partie avant d'avoir

commencé sa journée. L'ouvrier, d'ailleurs, en prenant sa lampe a l'habitude de disposer sa mèche, de visiter son tissu et de préparer sa flamme avant de descendre. Si on lui donne cette lampe fermée, il ne pourra plus faire cette inspection et ces arrangements complémentaires.

Et puis que gagnera-t-on à donner à l'ouvrier la

lampe Davy ainsi fermée à l'avance ? Actuellement l'ouvrier a des clefs dans le fond à sa disposition ; si on les lui retire, il peut en faire faire chez le quincaillier, et même, sans recourir à ces moyens, il parvient sans peine,

avec un morceau de bois, à se fabriquer une clef qui ouvre la lampe sans difficulté ; de sorte que la mesure en question sera tout à fait sans effet en ce qui concerne la lampe Davy.

J'ajoute qu'elle sera pernicieuse, car le mineur

n'ayant plus à sa disposition la clef de secours à l'accrochage ou sur les points désignés, rallumera sa lampe dans la taille, c'est-à-dire dans l'endroit le plus dangereux. « On s'étonne de la tendance de l'ouvrier à ouvrir la lampe de sûreté; cette tendance est pourtant bien natuTome 11, 189'2.

4/