Annales des Mines (1892, série 9, volume 2) [Image 314]

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LE GRISOU AUX MINES D'ANZIN. 1810-1892.

LE GRISOU AUX MINES D'ANZIN. 1810-1892.

L'année 1860 fut encore marquée par un nouvel accident. Le 15 décembre, un maître-mineur fut tué à. la fosse Ernestine de la division de Denain. On y remblayait une remontée par laquelle passait le courant d'air ; la partie supérieure était déjà remblayée, mais on avait réservé, entre le toit et les remblais, un passage suffisant pour un homme. Le maître- mineur s'était engagé dans ce passage, suivi d'un ouvrier qui l'accompagnait dans sa tournée, et il était presque arrivé

était le mécanisme de fermeture, bien connu d'ailleurs, qui ne devait pas permettre de l'ouvrir sans l'éteindre, grâce à une liaison entre le porte-mèche et la tige de

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à l'extrémité des remblais quand une explosion de grisou se produisit. L'explosion ne fut pas bien violente, le maître-mineur fut brûlé assez légèrement, mais il ne put se dégager et il fut asphyxié dans la remontée même. L'ouvrier qui le

suivait ne reçut que quelques brûlures légères. La fosse Ernestine , comme la fosse Mathilde, était

aérée par le ventilateur de Bayard. Le courant d'air, chargé du gaz emmagasiné dans les remblais, avait dans la remontée une vitesse assez considérable en raison des dimensions restreintes de cette communication ; le maîtremineur, par sa présence, en restreignait encore la section dans des proportions telles que la vitesse du courant fit sortir la flamme du tissu de la lampe Davy qu'il portait. Cet accident donnait une nouvelle preuve du peu de sécurité présentée par la lampe Davy dans les courants animés de vitesses considérables.

Procès de la lampe Dubrulle. - En même temps que les inconvénients de la lampe Davy s'affirmaient de plus en plus, les exploitants éprouvaient une nouvelle désillusion en découvrant de graves dangers dans l'emploi de la lampe Dubrulle. Nous avons raconté l'excellent accueil que les ouvriers avaient fait à cette lampe quelques années auparavant. Son principal avantage, au point,de vue de la sécurité.

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fermeture.

Malheureusement les ouvriers avaient eu vite raison de ce système : en introduisant entre les mailles du tissu

une aiguille à travers la mèche, ils l'empêchaient de s'abaisser avec le porte-mèche et ouvraient leur lampe sans la moindre difficulté ; ou bien ils faisaient un petit

trou au-dessus du logement de la tige et, en exerçant

une légère pression, ils abaissaient le ressort et dégageaient la partie supérieure de la lampe, sans toucher à la vis du porte-mèche.

La facilité avec laquelle ils exécutaient ces petites manoeuvres avait été probablement pour beaucoup dans' l'accueil qu'ils avaient fait à la lampe Dubrulle. Dans ces conditions, la lampe Dubrulle n'était plus une lampe de sûreté. Dès le début de 1861, elle provoqua une inflammation

de grisou à la fosse Saint-Louis, dans un montage de Georges levant; un ouvrier fut brûlé au visage et aux mains « L'air y était parfaitement bien mis, dit le l'apport de cet accident, mais cet ouvrier avait une lampe Dubrulle. » Ce devait être là un argument bien puissant, car le rapport n'ajoute pas un mot de plus. Peu de temps après, un ouvrier était grièvement brûlé

au Chaufour, dans Grande-Veine du Midi et cet accident inspirait au vérificateur les réflexions suivantes Le porion et le maître-mineur venaient de passer près de cet ouvrier, ils avaient trouvé les travaux en bon état et parfaitement aérés ; aussi ne peut-on attribuer cette inflammation qu'à un dégagement spontané du grisou, chose qui a souvent lieu par les chaleurs et particulièrement lorsque le temps est orageux. Nous profiterons de cette occasion pour signaler à l'administration qu'il y a