Annales des Mines (1892, série 9, volume 2) [Image 309]

Cette page est protégée. Merci de vous identifier avant de transcrire ou de vous créer préalablement un identifiant.

612

LE GRISOU AUX MINES D'ANZIN. 1810-1892.

LE GRISOU AUX MINES D'ANZIN. 1810-1892.

Cette fosse, qui appartenait à la division de Saint-Vaast. ne s'était signalée jusqu'alors que par quelques inflamma-

donner dès le début d'excellents résultats, ca; on se proposa immédiatement de lui envoyer également une partie de l'air des travaux de la fosse Saint-Louis, dans le but de soulager un peu le foyer installé à la fosse du Moulin qui desservait alors les, fosses Saint-Louis, Bleuse-Borne,

tions de gaz sans aucune conséquence. L'explosion se produisit dans la veine Taffin, au niveau de 308 mètres. Quatre ouvriers, occupés à élargir la partie supérieure d'une cheminée de retour d'air, étaient revenus sur un coup de mine raté la veille ; ils avaient foré un nouveau trou de mine à 30 centimètres du premier, avaient mis le feu à la charge après avoir pris toutes le e précautions nécessaires et s'étaient réfugiés à 17 mètres de la mine dans une taille où se trouvaient deux de leurs camarades. Le coup de mine enflamma une certaine quantité de gaz

amassée dans le niveau supérieur qui servait de retour d'air aux exploitations de ce quartier. La flamme, se dirigeant en sens inverse du courant d'air, descendit tout le long de la cheminée et pénétra dans la taille où s'étaient

réfugiés les mineurs. Les six malheureux furent très grièvement brûlés et deux seulement survécurent à leurs blessures. L'explosion d'ailleurs arrêta là ses ravages et les ouvriers des autres tailles ne furent pas atteints. Le courant d'air, quoique bien aménagé, n'avait pas l'intensité nécessaire pour neutraliser suffisamment la présence du gaz ; le coup de mine en éclatant avait mis

à découvert la charge qui avait raté la veille, et cette charge s'enflammant à l'air libre, au milieu d'une atmosphère grisouteuse, avait déterminé l'explosion. Ainsi fut expliqué, d'une manière très plausible, ce funeste événement qui mit de nouveau en relief les dangers de la poudre noire.

Installation d'un ventilateur Lemielle au Verger.- A la suite de cet accident, les exploitants firent un nouveau pas dans le sens de la ventilation mécanique. Un ventilateur Lemielle fut installé en 1855 à la fosse du Verger, pour aérer les travaux du Chaufour ; cet appareil parut

613

la Cave et le Moulin.

Fosse du Moulin,26 juin 1856 (Deux tués). Un triste accident survint l'année suivante à cette dernière fosse. Le 26 juin 1856, deux ouvriers furent tués dans la veine Georges couchant, au niveau de 308 mètres. Ces deux ouvriers étaient descendus le matin pour faire le mur de leur voie ; deux heures après la descente, le surveillant-lampiste en faisant sa tournée entendit une

explosion. Il courut aussitôt vers leur taille où il les trouva tous deux morts, asphyxiés et brûlés, à 15 mètres environ des fronts. Les malheureux étaient couchés la face sur le sol et la tête entourée des bras. La veine Georges était peu grisouteuse et la proportion de gaz était toujours très faible dans cette exploitation. Ce n'est d'ailleurs pas la première fois que nous voyons le grisou révéler brusquement sa présence dans une exploi-

tation par une catastrophe imprévue, tant il est vrai qu'une fausse sécurité ménage souvent plus de malheurs qu'une situation nettement périlleuse. On se perdit en conjectures sur la cause de cet accident; le tirage des mines ne semblait P-as pouvoir être

invoqué cette fois pour l'expliquer et, en l'absence de Preuves certaines, on préféra ne pas en rejeter la responsabilité sur la lampe Davy, qui en fut pourtant très probablement la cause.

L'insuffisance de la sécurité présentée par la lampe Davy s'était cependant déjà affirmée ; nous avons vu cette constatation causer une émotion pénible en 1824, au len-

demain de l'introduction à Anzin de la merveilleuse