Annales des Mines (1892, série 9, volume 2) [Image 131]

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LE GRISOU AUX MINES D'ANZIN. 1810-1892.

LE GRISOU AUX MINES D'ANZIN. 1810-1892.

peu de charbon qui restait à prendre dans la veine Baleine, au niveau de 285 mètres. Après avoir abandonné le Retour-Lomprez, on abandonnait Saint-Jean ; chaque année la situation s'aggravait; loin de vaincre le grisou, les exploitants maintenant reculaient nettement devant lui et cela, au moment où l'invention de sir Humphrey Davy avait réalisé l'un des moyens les plus efficaces de se mettre à l'abri de ses coups ; mais les mêmes difficultés s'opposaient toujours à, l'entrée en France des lampes de sûreté fabriquées en Angleterre, et on s'efforçait en vain de vaincre ces difficultés quand une catastrophe bien plus grave que toutes les autres porta un coup terrible à la malheureuse population minière d'Anzin, mais amena les exploitants à surmonter les obstacles qui s'opposaient à la généralisation de l'emploi de la lampe Davy.

chercher bien loin la cause de l'accumulation du gaz et la cause de son inflammation.

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Fosse du Chaufour, 9 avril 1823 (Vingt-deux tués, cinq Le 9 avril 1823, une explosion de grisou sans brûlés). exemple dans les travaux de la Compagnie depuis son origine, se produisit à la fosse du Chaufour. Vingt-deux mineurs y trouvèrent la mort et cinq autres furent brûlés grièvement. Les pièces relatives à cet accident ne contiennent malheureusement aucun détail sur les circonstances de l'événement.

La fosse du Chaufour, située près de l'endroit où se trouve actuellement le pont Jacob, entre Anzin et Valenciennes, était une des fosses les plus grisouteuses de la compagnie ;

elle avait été, en 1813, le théâtre d'une

explosion que nous avons racontée. Depuis lors, l'exploitation y avait été poursuivie dans les conditions dangereuses que nous avons signalées ; le courant d'air était insuffisant et mal aménagé ; presque tous les mineurs

étaient éclairés par des chandelles. Inutile dès lors

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Les conséquences de l'accident furent encore aggravées par ce fait qu'il fut impossible de descendre rapidement dans la mine, complètement infestée d'acide carbo-

nique, et les mineurs, malgré toute leur ardeur et leur dévouement, ne purent aller au secours de leur camarades que douze heures après l'explosion. Trois cadavres seule-

ment furent remontés le 9, treize le lendemain, deux le surlendemain ; trois ouvriers moururent chez eux ; quant au vingt-deuxième cadavre, il ne put jamais être retiré de la fosse. Des mesures énergiques furent prises, comme le montre l'arrêté ci-dessous de M. le préfet du Nord (22 avril 1823).

Arrêté préfectoral du 22 avril 1823. Nous, préfet du département du Nord, maître des requêtes au Conseil d'État

Vu le procès-verbal rédigé le 9 du présent mois d'avril pour constater les accidents causés dans l'une des mines de houille de la concession d'Anzin par une explosion de gaz hydrogène carboné, vulgairement appelé grisou;

Vu le rapport de M. l'ingénieur des mines en résidence à Valenciennes, duquel il résulte que ces accidents doivent être attribués à l'emploi des chandelles qui sont confiées aux ouvriers, que le seul moyen d'en prévenir le renouvellement est de prescrire l'usage des lampes de sûreté dont les concessionnaires n'ont encore qu'un trop petit nombre pour suffire aux besoins des mines en exploitation; Considérant que la présence du gaz hydrogène carboné dans presque toutes les fosses qui composent l'ex-

ploitation d'Anzin a été reconnue par l'ingénieur des mines ; que dès lors le danger est imminent, et qu'on ne