Annales des Mines (1892, série 9, volume 2) [Image 130]

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LE GRISOU AUX MINES D'ANZIN. 1810-1892.

Fosse du Retour-Loinprez, 30 avril 1819 (Un brûlé). C'est en effet ce qui arriva au Retour-Lomprez , le

30 avril 1819. Cette fosse, nous le savons, était abandonnée depuis deux ans ; l'année précédente, une tentative faite pour y rentrer avait amené un nouvel accident. Il est probable que l'on ne renonçait pas volontiers à

l'exploiter, car on continuait à entretenir le foyer d'aérage. « Depuis quelque temps, on était occupé à extraire les eaux que l'on avait laissé. s'accumuler au fond de la fosse à la suite de l'explosion du 3 janvier 1818, lorsque. le 30 avril le tiseur du fond (*) descendit par le puits de.

la pompe à feu Lomprez pour aller recharger le foyer d'aérage situé au niveau de 177 mètres à la fosse du Re-

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fois encore sur le foyer d'aérage et brûla légèrement un homme. A cette nouvelle, le directeur se décida à supprimer toute espèce de travail à la fosse du Retour-Lomprez. Depuis plus de deux ans elle n'avait plus donné une tonne de charbon et le gaz s'y était enflammé trois fois. La situation n'était pas moins critique à la fosse SaintJean. Après le coup de grisou de 1818, cette fosse avait été inondée au commencement de 1820 par les eaux de la fosse Beatijardin ; on était arrivé à grand'peine à se rendre maître des eaux quand on voulut reprendre les travaux et pour cela rallumer le foyer d'aérage.

tour-Lomprez.

« Ce tiseur était sur l'échelle, à 5 ou 6 mètres près du fond du beurtia allant au niveau de 177 mètres, c'est-à-

Fosse Saint-Jean, 23 mars 1820. « Les 21 et 22 mars on s'était occupé à pendre un foyer à la corde pour attirer le plus fort des puteux. Le 23, le porion et le maître

dire qu'il allait arriver au foyer, lorsque le gaz inflammable qui s'échappait du lieu occupé depuis l'explosion susdite par les eaux qu'on extrayait, prend feu à la chandelle qu'il portait à sa barrette, fait explosion et le brûle sut. l'échelle, qu'il eut le bonheur de ne pas lâcher, ce qui lui

mineur allumèrent le feu après être parvenus jusqu'au foyer avec la lampe Davy; mais, s'étant aperçus qu'il s'y mélangeait du gaz à mesure qu'il prenait, ils s'enfuirent de suite. Ils n'étaient pas plutôt arrivés en haut de la première cheminée, qu'ils entendirent une détonation terrible qui se fit sentir jusqu'au jour. Le vent éteignit leur lumière, en même temps qu'il les effraya par son

permit de remonter au jour ». L'explosion détermina un incendie qu'il aurait été bien difficile d'éteindre si, par le plus grand des hasards, l'incendie n'avait fourni lui-même un moyen rapide d'extinction: le feu en consumant les bois provoqua une série de petits éboulements qui arrêtèrent les eaux, formant ainsi une sorte de bassin au moyen duquel on se rendit facilement maître du feu.

impétuosité. « Depuis lors nous ignorons l'état dans lequel se trouvent

Fosse du Retour-Lomprez, 6 août 1819 (Un brûlé). Le 6 août de la même année, le grisou s'enflamma une fixe (") 11 n'y avait pas de chauffeur installé au fond à poste descendait des foyers d'aérage, le tiscur pour entretenir le feu

les travaux, parce que nous ne voulons point que personne descende. Le danger est évidemment grand, l'épou-

vante est parmi les ouvriers de cette fosse. Ils ont déclaré qu'ilsn'y travailleraient plus. Il est impossible de répondre des accidents qui peuvent encore survenir ou plutôt qui ne manqueront pas d'arriver ». En présence d'une pareille situation, la conférence du 2 juillet 1820 prit la résolution d'abandonner les travaux de Saint-Jean et de prendre par la fosse Beaujardin le deux ou trois fois tontes les vingt-quatre heures. Nous aurons d'ailleurs l'occasion de revenir sur ce sujet.