Annales des Mines (1892, série 9, volume 1) [Image 335]

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664 DIVERSITÉ DE QUALITÉ DES MÉTAUX EMPLOYÉS CONCLUSIONS.

Les matériaux employés dans les chemins de fer par les services du matériel fixe et du matériel roulant, les rails avec leurs assemblages, éclisses, boulons, tirefonds et coussinets, les bandages, essieux, ressorts et fers marchands, laminés spéciaux, tôles utilisées aux constructions

métalliques, sont à chacun des réseaux l'objet de nombreuses épreuves ayant pour objet d'assurer à chaque produit la qualité nécessaire à son emploi. Ces épreuves sont de deux ordres bien différents, les unes, comme celles faites sur les principaux éléments du matériel fixe, rails, éclisses, etc., sous forme d'essais à la flexion et au choc, font travailler le métal dans des con-

ditions rappelant sensiblement celles où il fonctionne

dans la réalité. Ces épreuves sont de beaucoup les meilleures et sont de nature à donner des résultats satisfaisants à tous égards ; elles gagneraient parfois à être

simplifiées pour éviter des essais inutiles n'ayant pas d'autre résultat que des pertes de temps et d'argent; elles auraient besoin d'être uniformisées, au moins dans une certaine mesure, pour assurer à tous les réseaux une qualité convenable à chaque emploi; l'expérience acquise de longues années permet maintenant d'avoir en chaque cas des opinions précises. D'autres épreuves, comme celles en cours sur les éléments du matériel roulant, essieux, bandages, ressorts, etc., tôles et fers marchands, ne peuvent être faites dans les conditions mêmes de l'emploi ; parmi ces épreuves, celles au choc ont pour objet d'éliminer les métaux insuffisamment purifiés, fabriqués à des températures mal définies, et manquant d'homogénéité. Tout métal qui pré-

sente un de ces défauts résiste mal aux épreuves au choc ; au contraire tout métal pur, fondu à haute tem-

PAR LES COMPAGNIES DE CHEMINS DE FER.

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pérature, quelque dureté qu'on exige de lui, résiste vic torieusement au choc. Là est la supériorité- de certains produits anglais ou allemands pour lesquels on se préoccupe avant tout de la pureté du métal. Cette condition' de pureté est essentielle pour assurer la solidité du produit et sa longue durée ; à cette pureté, il faut joindre une certaine homogénéité qui ne s'acquiert que par la haute température de fusion du métal, circonstance parfois trop négligée chez les industriels qui s'attachent trop au bas prix de la fabrication. Les métaux impurs étant ainsi éliminés par les essais au choc, les épreuves de traction qui précisent les résistances à la rupture, les résistances élastiques, les allongements et strictions, peuvent pour chaque emploi préciser le degré de dureté qui convient. Pour les constructions métalliques, ponts ou autres, il faut avant tout un métal doux, pouvant se poinçonner, se matter à froid sans s'écrouir et ne trempant pas.

Pour les essieux, une douceur extrême n'est point nécessaire ; il faut surtout un métal homogène donnant un bon frottement au roulement, très sain et homogène, et en même temps toute sécurité au point de vue des ruptures, toutes circonstances qui se rencontrent dans un acier sain, moyennement doux.

Pour les bandages, l'usure est à considérer dans le frottement continu sur les rails ; de là, la nécessité d'une

dureté plus grande à concilier avec une résistance au choc très élevée. Pour les ressorts, la dureté maximum est indispensable.

Dans les rails, une dureté élevée peut être utile en tant qu'on n'arrive pas à la crainte de la fragilité ; un acier dur et pur paraît convenir.

Ces épreuves, très variées à chaque compagnie, souvent multipliées outre mesure ,sont loin d'assurer une cer-

taine uniformité au métal pour la même destination. A