Annales des Mines (1892, série 9, volume 1) [Image 304]

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DÉGAGEMENTS INSTANTANÉS DE GRISOU

AUX MINES DE BESSI;:GES.

chantiers qui n'en. seraient pas absolument indépendants,

au moyen d'une toile placée à 15 mètres du front, et cela au moment où une couche était entièrement découverte

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aussi bien comme entrée que comme retour de l'air ; il conviendra aussi que les ouvriers soient garantis d'une manière efficace contre les conséquences du dégagement, comme ils le sont diins le refuge de Créai.

En examinant de près les conditions dans lesquelles se sont produits les dégagements instantanés de la mine de Bessèges d'une part, ceux du travers-bancs de Créai

de l'autre, il semblerait que le grisou ne s'y rencontre pas de la même manière. A Bessèges, le grisou des dégagements instantanés se trouve dans un charbon très ténu, qu'il suffit de toucher pour le faire tomber ; le gaz paraît se dégager lentement des ,surfaces découvertes si on n'y touche pas, tout en étant retenu avec assez de force par le charbon pour ne pas traverser même une épaisseur faible. Le charbon, très friable tant que le grisou n'est pas dégagé, devient plus dur lorsqu'il a disparu, au point que des parements qui nécessitaient un boisage avec des planches tiennent ensuite seuls. Il semble bien que le grisou soit condensé par les particules ténues du charbon et que cette condensation persiste plus ou moins, même lorsque le charbon est déjà à l'air libre, et tant qu'on ne détruit pas une sorte d'état d'équilibre. Dans les dégagements de Créal, des couches au-dessus de l'étage stérile, le grisou s'est trouvé au contraire en -

général dans un charbon dur, donnant 50 p. 100 de mottes et d'une teneur en matières volatiles sensiblement inférieure à celle du charbon de Bessèges. Ce charbon, contrairement à celui de Bessèges qui dégage normalement, avant et après un dégagement instantané, une

quantité de grisou importante, parait n'en dégager que très peu normalement, ainsi qu'on a pu le constater. On a supprimé tout aérage, au front de taille de la bacnure,

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on n'a pu reconnaître la moindre trace de grisou au chantier.

Les dégagements de Créai semblent toujours avoir été excessivement brusques et n'avoir pas persisté après la

projection du charbon. Le charbon resté en place a montré plusieurs fois une structure lamellaire verticale, laissant des interstices entre les lamelles ; on a également observé- plusieurs fois un décollemententre le toit et le charbon dans les parties non projetées. La structure lamellaire n'existait d'ailleurs que dans le banc supérieur, le banc inférieur était compact. Tous ces faits peuvent faire supposer qu'en dehors du gaz condensé par les particules du charbon, d'ailleurs en proportion moindre qu'à

il s'est peut-être trouvé là du grisou à l'état libre dans les cavités et que c'est à l'existence de ces cavités mises à nu par des sondages, des coups de pic Bessèges ,

ou des coups de mine qu'est dû le dégagement subit qui, une fois commencé, s'est propagé de proche en proche

par suite de la rupture de l'état d'équilibre. Au point de vue pratique, cette différence d'état pourrait avoir une grande importance, en ce sens que les dégagements provenant d'un charbon du genre de celui de Bessèges préviendraient toujours, ceux provenant d'un charbon analogue à celui de Créai étant, au contraire, absolument instantanés. (*) Les constatations ont toujours été faites seulement avec la

lampe Marsaut.