Annales des Mines (1892, série 9, volume 1) [Image 303]

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AUX MINES DE BESSEGES.

DÉGAGEMENTS INSTANTANÉS DE GRISOU

bancs de Créai, c'est-à-dire le tirage d'un ou plusieurs coups de mine (avec l'explosif de couche) ébranlant les parties voisines et provoquant le dégagement si une accumulation de grisou existe dans le voisinage, le tout avec les précautions usitées à Créai. Nous remarquerons que les exploitants ne recommandent pas les sondages que M. Arnould considère comme

nécessaires pour les chassages et montages en veine. Nous reviendrons sur ce point en parlant des précautions

prises à Créai. Les dégagements instantanés survenus dans le travers-

bancs de Créai, à la traversée des couches au toit de l'étage stérile, paraissent plus dangereux que ceux de la mine même de Bessèges. Il semble tout d'abord qu'ils soient dépourvus des indices précurseurs de ces derniers. A la vérité la plupart de ces dégagements ont eu lieu immédiatement après le tirage des coups de mine, ainsi qu'on le désirait du reste; mais il parait probable, par la rapidité même de leur apparition, qu'ils se seraient manifestés comme celui du 3 mars 1891, en l'absence de coups de mine. Les quantités de charbon projetées ont été généralement plus considérables à Créai qu'à Bessèges , bien que le charbon soit plus dur et les couches moins puissantes. Le danger de projection vient donc s'ajouter à celui du grisou lui-même et , avec de bonnes lampes de sûreté, prime ce dernier. On comprend donc que les exploitants aient été conduits à employer la méthode indiquée plus haut. Comme à Bessèges, ils ont supprimé les sondages préalables, sauf, bien entendu ceux qui sont faits pour s'assurer de l'approche d'une couche. Dans_ le dégagement du 3 mars 1891, les sondages non

seulement n'ont pas empêché l'accident, mais ils

ont

donné une fausse sécurité, puisque, malgré leur existence,

on n'a pas constaté la présence du grisou au chantier.

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En outre, rien ne prouve que ce ne soit pas la rencontre par le troisième trou de sonde de quelque réceptacle de grisou qui ait provoqué le dégagement plutôt que les 10 centimètres de havage qu'on avait faits au moment où il s'est produit. S'il est incontestable que les sondages n'ont pas eu d'utilité dans le cas dont nous venons de parler, on ne saurait affirmer qu'il en eût été de même dans tous les cas de dégagement du travers-bancs de Créai, si l'on s'y était servi des sondages comme le recommande M. Arnould, c'est-à-dire en suspendant le travail pendant un certain temps après le forage des trous de sonde, pour permettre à la couche de se saigner ; cet effet se serait-il produit? la question reste ouverte (*). Quoi qu'il en soit, il semble que les résultats obtenus avec la méthode employée au travers-bancs de Créai, c'est-à-dire le tirage de coups de mine qui ébranlent la masse et sollicitent le dégagement, soient de nature à

justifier son emploi de préférence aux sondages et à l'avancement lent: Nous ne parlons actuellement que de l'emploi dans les conditions spéciales du travers-bancs de Créai et dans l'hypothèse de dégagements d'un volume de gaz relativement limité et n'atteignant pab à beaucoup près celui du dégagement de Frameries. Comme l'indique M. An-muid, il conviendra toujours, dans l'exécution de travaux pareils, de suspendre le travail de tous autres (*) Nous rappelons que le règlement de Belgique de 1881 donne les prescriptions suivantes Art. 38. Lorsque, dans le creusement d'un puits ou d'une galerie, on présumera la proximité d'une couche à dégagement instantané, on aura soin « 1° De forer des trous de sonde traversant complètement la couche;

2° D'attendre ensuite au moins deux jours, avant de la mettre complètement à découvert. Art. 39. Tout travail, en oeuvre de veine, dans une couche à dégagement instantané, doit être précédé d'un sondage régulier pour faciliter l'évacuation du grisou. n