Annales des Mines (1892, série 9, volume 1) [Image 266]

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HISTOIRE DE L'INDUSTRIE MINIÈRE

Avec ces quelques objets, les exploitations subsistantes

et le bref d'Iglesias, on peut reconstituer les différentes parties de l'art des mines au XII' siècle. L'abatage étant long sans la poudre, bien que la maind'oeuvre fut peu coûteuse, on l'économisait par tous les

moyens. Jamais de galeries dans des roches dures et jamais de vides inutiles : on devait travailler souvent à genoux, dans des galeries basses ne s'élargissant qu'à la rencontre des amas de minerais, profitant de toutes les crevasses argileuses (monte tenero), de tous les joints pour diminuer la peine, s'aidant du feu dans les roches dures (*). Peu de traversbancs , de galeries au rocher. Lorsqu'on ne descendait pas depuis le jour dans le plan même du filon, on l'atteignait par des puits verticaux très étroits, comme ceux des Romains. Le creusement se faisait au moyen de coins enfoncés à coups de massette ; l'extraction de la galène dans des

paniers portés par des gamins ou dans des peaux de chèvre (on en a retrouvé des débris) qu'on tirait au moyen d'une corde, de très loin. L'épuisement de l'eau, difficulté presque insurmontable avant la vapeur, dès que l'on des-

cendait au-dessous du thalweg de la vallée, était assez simple, ici à San Giovanni, dans le flanc de cette montagne

calcaire drainée par toutes ses crevasses naturelles. Quand cela devenait nécessaire, on employait de véritables pompes à chapelet, composées d'un tronc de bois creusé suivant l'axe et servant de tuyau dans lequel des galets emmanchés sur une tige de bois remplissaient l'office de pistons (**). Par ces moyens primitifs, on est descendu alors jusqu'à 250 mètres de profondeur.

(*) L'usage du feu s'est conservé longtemps dans les mines; une des planches de l'Encyclopédie ((768, t. VI, trav. des mines, pl. II) est destiné à montrer le dispositif adopté à cet effet. (**) Des systèmes de ce genre ont été trouvés non à San Gio-

EN SARDAIGNE.

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Au point de vue métallurgique, on doit remarquer que les scories pisanes, caractérisées par les médailles qu'on

y a rencontrées, témoignent d'un traitement plus perfectionné que celles des Romains.

Les travaux pisans nous conduisent jusqu'en 1323, époque où les Aragonais, appelés par Hugues Sedra et soutenus par le pape, envahirent la Sardaigne sous la conduite de don Alphonse, fils du roi Jacques, et en chassèrent les Pisans ; mais l'arrivée des Aragonais n'apporta, au point de vue spécial qui nous occupe, que des modifications insignifiantes. A partir de 1400, un nouveau principe s'introduit pour-

tant dans la législation minière de Sardaigne, principe qui a généralement dominé dans les temps modernes et qui tend à distinguer la propriété du sol de celle du soussol, en accordant la disposition de la première à l'État. Dans la province d'Iglesias c'est, en conséquence, maintenant l'État qui exploite lui-même, et, comme il le fait avec le manque d'économie et de responsabilité personnelle qui caractérise une administration publique, comme en outre il faudrait des procédés nouveaux et plus perfectionnés pour des gisements dont on a déjà pris les parties hautes et riches, il le fait à perte. En 1456, nous

voyons qu'on 'discuta sérieusement l'abandon de ces mines considérées comme épuisées, et il s'en fallut de peu qu'on ne le décidât. En 1472, on prit un parti plus rationnel, celui de les concéder pour douze ans à une compagnie génoise, moyennant un paiement du dixième du produit brut ; mais cette concession dut avoir des résultats mal-

heureux, car, en

1479,

elle fut renouvelée en faveur

d'un autre. Quand survinrent successivement la prise de Constantinople par les Turcs, puis la découverte de la vanni, mais à Masua. A Rio Tinto et San Domingos, en Espagne, on employait des roues à godets. Tome 1,1892.

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