Annales des Mines (1892, série 9, volume 1) [Image 187]

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NOTE SUR L'ALLUMAGE DES COUPS DE MINE

Allumage par le briquet pneumatique. Le principe du système consiste à déterminer l'inflammation de la mèche au moyen de l'élévation de température obtenue par la compression de l'air. Tout le monde connaît l'expérience classique des cours de physique, qui consiste à faire rougir un morceau d'amadou, placé dans un tube de verre, dont on comprime l'air à l'aide d'un piston. L'élévation de température qui se produit est assez considérable pour déterminer l'inl'animation de la poudre. Un appareil reposant sur ce principe a été imaginé récemment par M. Bourdoncle mécanicien à Decazeville (Aveyron), et bien que sa description ait été déjà donnée(*) nous croyons devoir la reprendre sommairement. Le piston P est constitué par des rondelles de cuir ou de caoutchouc, serrées entre deux disques de cuivre. La tige porte à son extrémité un disque légèrement bombé D

qui permet de déterminer à la main un mouvement rapide du piston. Le corps cylin-

(voir Pl. XI,

fig.

5) ,

drique C est un tube de bronze, de 12 millimètres de diamètre intérieur, de 2 millimètres d'épaisseur et de 105 millimètres de longueur. La partie inférieure est filetée de

manière à recevoir le porte-mèche. Celui-ci affecte la forme d'un disque en cuivre, portant à sa partie supérieure une partie filetée, qui peut se visser sur celle du corps cylindrique, et présente au centre une ouverture circulaire 0, dans laquelle on introduit l'extrémité de la mèche. Pour maintenir la mèche en place et obtenir une étanchéité absolue, on engage, dans le dernier pas de vis, (*) Comptes rendus mensuels de la Société de l'industrie minérale, année 1891, mois de janvier. Cuyper, Revue universelle, année 1891, 30 série, t. XV.

DANS LES EXPLOITATIONS GRISOUTEUSES.

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une rondelle en caoutchouc, également percée d'une ouverture à son centre. Lorsque l'on réunit le porte-mèche

et le corps cylindrique, en les vissant à fond, celui-ci vient appuyer, par sa partie plane inférieure, contre la rondelle de caoutchouc, qui se trouve ainsi comprimée sur

ses côtés, et le caoutchouc, refoulé vers le centre, se moule en quelque sorte sur la mèche, et empêche à la fois la projection de celle-ci sous l'influence de la pression intérieure et les fuites d'air. Une fois la mèche de sûreté introduite dans l'ouverture du porte-mèche, de manière que son extrémité arrive au

niveau de la rondelle et caoutchouc, et le vissage du corps cylindrique et du porte-mèche fait à fond, l'appareil est prêt à fonctionner ; il suffit de donner, avec la paume de la main, un coup sec sur le disque de la tige du piston pour allumer la mèche.

Pour que l'action de la main s'exerce d'une manière énergique, il faut que la partie inférieure de l'appareil soit appuyée sur le rocher. Pour remplir cette condition, tout en évitant que la mèche soit écrasée, le porte-mèche a été muni, dans les derniers appareils construits, d'une pièce cylindrique ou légèrement évasée B, percée d'une échancrure E pour le passage de la mèche. De même qu'avec les systèmes précédemment décrits, il convient d'attendre environ six secondes avant d'enlever le briquet.

L'appareil a été essayé dans la mine grisouteuse des Issards (bassin de Decazeville), appartenant à la société des aciéries de France, à partir du 15 juin '1890, à la demande de M. de Castelnau, alors ingénieur en chef des mines à Rodez ; d'après M. Tarragonet, directeur de cette

compagnie, il a donné des résultats très-satisfaisants. Aussi son emploi a-t-il été généralisé dans toutes les mines à grisou de la société des aciéries de France. Quelques essais ont été faits dans le bassin de Saint-