Annales des Mines (1892, série 9, volume 1) [Image 74]

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PROGRÉS DE LA MÉTALLURGIE DU NICKEL.

PROGRÈS DE LA MÉTALLURGIE DU NICKEL,

duction du nickel dans le monde, et fixera les idées sur la possibilité de compter sur ce métal pour des usages qui exigeront de gros tonnages, comme la fabrication des aciers et des fers au nickel, sans courir le risque de voir les sources de production devenir insuffisantes ou provoquer une hausse exagérée des prix. Je n'insisterai pas sur les anciennes méthodes de traitement des minerais, généralement de nature complexe,

composition très variable, ainsi qu'il ressort des analyses suivantes, faites anciennement sur divers nickels

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contenant à la fois du nickel, du cuivre, du cobalt, à l'état de sulfures ou d'arsénio-sulfures, qu'on exploitait en Europe, et notamment en Suède, en Piémont, en Saxe, en Hongrie. Ces minerais, ordinairement très pauvres en nickel, constituaient, il y a quinze ans à peine, l'unique source du nickel employé dans l'industrie. Les noms même de nickel (diablotin), encore conservé avec

son sens en anglais, et de cobalt (kobold : gnôme , génie malfaisant des mines), attribués par les anciens mineurs allemands aux minerais où ces deux métaux as-

sociés au cuivre rendaient, par une sorte de maléfice, l'affinage de ce dernier difficile, indiquent l'état d'ignorance où se trouvait à cette époque la métallurgie de ces métaux. On trouvera dans les mémoires de Fuchs (*), de Kleinschmidt ("*) et de M. Badoureau (***) des renseignements complets sur ces procédés anciens. Chaque usine avait sa formule de traitement adaptée à la nature de ses minerais. On opérait par concentrations successives, soit Par voie sèche, soit par voie humide, soit par les deux voies combinées. Les produits obtenus avaient une. (1 Annales des mines, année 1860. Ed. Fuchs : Mémoire sur la métallurgie du nickel en Styrie. (**) Berg-und Inillenmlinnische Zeilung. Kleinschmidt : Métallurgie du nickel et du cobalt. Année 1867. (H') Annales des mines 2' vol. de 1877. Badoureau : Mémoire. sur la métallurgie du nickel.

Nickel Cobalt Cuivre

Fer

Arsenic Silice Soufre

2

3

4

5

a

56,25

73,30

86,40

88,40

traces traces

22:10

12

88,98 6,75 1,80

88,40

27,50 12,55

3,70

1,60 0,50 2,50

0,22 1,40 0,10

0,92

0,80

6,50 1,70 1,29 0,54 0,99

1,91

0,84 0,84 1,63

Nickel d'Allemagne (analyse de Lassaigne). d'Angleterre de Joachimsthal (analyse de Wurtz). de Schladming (analyse de la Monnaie de Vienne). (G)

On conçoit qu'avec des teneurs aussi variables et une aussi grande proportion d'impuretés, il était impossible d'obtenir un métal ayant des qualités régulières. On ne pouvait utiliser de pareils mélanges qu'a l'état d'alliages avec le cuivre et le zinc, et pour des usages ne demandant aucune qualité de résistance. Ces exploitations d'Europe ont été, on peut le dire, complètement arrêtées depuis la découverte des gisements de la Nouvelle-Calédonie. A la suite de cette découverte, les prix de vente ont baissé dans une proportion considérable. Le nickel, qui valait encore 18 francs le kilogramme en 1875, est tombé subitement à 10 francs en 1878. Il varie maintenant entre 5 et 6 francs. Quelques petites exploitations subsistent cependant, notamment en Hongrie, grâce à la forte proportion du cobalt contenu dans leur minerai. Ce sont plutôt des mines de cobalt, dans lesquelle/le nickel ne constitue qu'un accessoire. II en est de mêMe en Saxe où on entretient, plutôt dans un but d'instruction scientifique, dans les usines royales, un affinage de nickel et de cobalt, mais alimenté en majeure partie par des minerais d'origine étrangère.