Annales des Mines (1891, série 8, volume 20) [Image 296]

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REVUE DE L'ÉTAT ACTUEL

partie du noyau de la vis suivant NN'; le taraud commence par quatre tranchants rectilignes et s'appelle taraud aléseur. Puis les tranchants A A3, A3, A, n'ont pas d'angle d'incidence ou de dépouille, les parties circulaires telles que Ai, l31 donnant lieu à un frottement considérable qu'il faut combattre par un emploi abondant

de l'huile. On corrige ce défaut en taillant les tarauds dans des barres non circulaires, mais à section polygonale curviligne telle que celle indiquée sur la fig. 7, Pl. XXVII. Cette section s'obtient sur un tour spécial, construit par la Société alsacienne de constructions mécaniques; pendant que la barre d'acier tourne, le chariot porte-outil reçoit un mouvement oscillatoire d'un excentrique commandé par un arbre qui règne le long du banc du tour. Ajoutons enfin qu'on préfère ne pas tracer les sections qui déterminent les quatre arêtes Ai, A A3, A,,

exactement suivant des génératrices du cylindre dans lequel est débité le taraud, mais les enrouler sur une

hélice à pas fort allongé. Le tour spécial donnant la section en polygone curviligne est disposé de manière ce que les parties saillantes du profil s'enroulent suivant cette même hélice allongée.

La machine à tarauder les écrous est d'une extrême simplicité, puisqu'il suffit de faire tourner le taraud en maintenant l'écrou de manière à ce qu'il puisse prendre un mouvement de translation sans tourner. Quand le taraud a traversé l'écrou, on l'enlève aisément, car il est terminé par un carré débité dans le noyau de la vis et ne présentant pas de saillie gênante. Pour les grands diamètres, on a parfois composé le taraud de lames trempées rapportées ser un support central. Tel est le taraud de Strong (Engineering, XLIII, p. 171). Lorsqu'il s'agit de tarauder un trou borgne ou ne débouchant pas de part en part, le taraud ordinaire ne peut

DE LA CONSTRUCTION DES MACHINES.

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plus être employé ; on le remplace alors par une série de tarauds moins longs, passés successivement, souvent au nombre de quatre : chaque outil approfondit le filet tracé par le précédent; ce travail se fait à la main. Pour tarau-

der mécaniquement les trous borgnes, il faut éviter la rupture de l'outil au moment où il bute contre le fond du trou; le support Pearns comprend, à cet effet, un ressort qui cède sous une pression déterminée et arrête le taraud. La machine est assez puissante pour permettre le taraudage avec un seul taraud à cône très prononcé, qui forme le filet presque jusqu'au fond du trou borgne. L'appareil Pearns se monte sur une machine .à percer radiale, avec

retour en sens inverse pour l'enlèvement du taraud; il est utile notamment pour le taraudage des trous de fixation des goujons qui reçoivent les plateaux des cylindres.

La facilité de l'exécution des écrous sur la machine à

tarauder a conduit à l'emploi d'un procédé analogue pour la construction des boulons. Supposons un écrou découpé comme nous avons découpé la vis pour obtenir un taraud, c'est-à-dire divisé en segments par des saignées parallèles à l'axe, puis sectionné par un cône de même axe, qui abat une partie des filets restants, nous

obtenons un outil qui agira sur une barre ronde pour former une vis comme le taraud agit dans l'écrou brut. Les segments de l'écrou sont des barrettes d'acier, dites coussinets, encastrées dans un support appelé filière (ce nom a le défaut d'être le même que celui de l'outil, bien différent, qui sert à étirer les métaux en fils). Ces barrettes sont taillées, avant trempe, par un taraud dit ta ranci-mère. On peut donner à ce taraud-mère un diamètre un peu supérieur à celui des vis qu'on veut obtenir, ce qui permet d'avoir un peu de dépouille pour les outils coupant le métal ; mais la différence doit être faible, car le petit segment d'écrou formé par le coussinet ne s'adap-