Annales des Mines (1891, série 8, volume 19) [Image 272]

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LES SALINES ET LES PUITS DE FEU

DE LA PROVINCE DU SE-TCHOAN.

Arrivée aux fourneaux, l'eau est reçue dans des réservoirs appartenant à chaque propriétaire : c'est là que s'établit le compte des pertes de transport. Les Chinois

l'eau du bol d'essai, on n'obtient que le sel contenu dans 10 onces d'eau. Ainsi l'on a la facilité :et la clarté d'une proportion décimale : une once de sel par bol équivaut à 10 p. 100, 10,5 à 15 p. 100, ete. De plus, comme le nombre des bols à la charge (320 = 16 X 20) est un multiple de 16, nombre des onces à la livre, une fois que les Chinois savent le degré de salure par bol d'essai, une simple multiplication par 2 leur donne le nombre de livres à la charge. Ainsi, pour 1°,2

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estiment la perte par noria à 300 charges d'eau par mois, soit 1/80 de l'eau élevée ; avec plusieurs norias, cela peut donc aller jusqu'à 1/20 ou même 1/13 de l'eau transportée. Mais cette évaluation en quantité est supérieure à la réalité de la perte en sel, car la diminution du volume des eaux est due en partie à l'évaporation subie pendant le travail d'élévation : on a gagné en concentration une partie de ce qu'on a perdu sur là quantité, bien

qu'il ne soit pas facile de le faire comprendre aux Chinois.

CHAPITRE VIII.

LE SALINAGE.

Avant de décrire le Degré de saturation des eaux. mode d'évaporation des Chinois, il faut dire un mot du degré de saturation des eaux et de leur composition. D'abord comment les Chinois constatent-ils le degré

de saturation ? Leur système est assez simple. Nous avons vu qu'il existe aux Grandes Salines un bol de mesure dont 320 font une charge ; tous les. comptes d'achat, de transport d'eau salée, se font avec ce bol-étalon pour base : c'est lui aussi qui est le bol d'essai et sert à l'examen; son contenu d'eau salée est évaporé en une petite

casserole ad hoc; le poids du sel cristallisé, recueilli lorsque l'eau-mère a acquis un certain degré d'amertume, donnera, suivant la saturation des eaux, un liang ou once,

1"",2..., 2 onces, 2 onces 1/2 de sel par bol. Remarquons que cet examen ne donne pas tout le sel cristallisable qu'on pourra trouver lors du salinage, plus parfait que cette évaporation d'essai. On peut donc admettre que sur les 11 à 12 onces environ que pèse

de salure, par exemple, on a: 1'2 (1166>< 20)

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12><2.

Il faut reconnaître que ce système est assez ingénieux. Lorsque les eaux contiennent moins de 7 à 8 p. 100 de sel, aux Grandes Salines, les Chinois, qui n'ont pas de bâtiments de graduation, délaissent ces eaux, car l'exploitation n'en serait pas lucrative. Les seules eaux qu'ils évaporent sont les eaux jaunes et noires. Les premières

ne se trouvent jamais à une profondeur moindre de

80 tchang ;la proportion de sel est de 8 à 10 ou 12 p. 100, et va en augmentant jusqu'à la profondeur de 150 tchang

où elle atteint 15 à 16 p. 100. Vient ensuite une série de couches, région du charbon et des puits de feu, où l'on ne trouve pas d'eau salée. A 220 tchang et au delà jusqu'à 320 tchang sourdent les eaux noires dont la saturation va de 15 à 28 p. 100. Outre le sel (chlorure de sodium), les eaux des salines contiennent encore en suspension des matières terreuses, en dissolution des sulfates de chaux, de magnésie

et de potasse, probablement à l'état de sulfate triple ; des chlorures de calcium, de potassium et de magnésium, le premier surtout en abondance ; enfin des traces d'iode.

La présence du chlorure de potassium et de l'iode, la nature des sulfates pourraient faire croire qu'on se trouve en présence d'un lac salé jadis alimenté ou de terrains jadis inondés par les eaux de la mer. Les eaux noires