Annales des Mines (1891, série 8, volume 19) [Image 128]

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NOTE SUR LE COUP DE GRISOU

Le soufflard en question est un « blower » (voir le rapport de mission en Angleterre de MM. Pernolet et AguilIon) d'une puissance exceptionnelle. La cavité de laquelle

sortait le gaz paraît en relation avec une faille anticlinale qui est peut-être la même que la faille du Nord, sans qu'on puisse rien préciser, tant l'allure de ces accidents est irrégulière dans le bassin d'Aubin. Une particularité curieuse de la couche de Campagnac,

remarquée par M. l'Ingénieur en chef, a peut-être joué un rôle dans la production ou plutôt dans la mise à nu de ce soufflard pendant le repos des ouvriers. Dans beaucoup de chantiers, même non grisouteux, des éclats de charbon d'un volume quelquefois assez fort se détachent du front de taille avec des décrépitations dont l'intensité peut atteindre celle d'un coup de mine très voisin. Il se

peut que ce soit un fait de cette espèce qui, détachant des éclats du chantier Carattier pendant le repos des ouvriers, ait assez affaibli le front de taille au voisinage immédiat de la source de grisou pour amener une rupture d'équilibre et l'invasion subite du gaz. Le soufflard a brusquement dispari vers le 15 juin, et cela, à la suite de travaux exceptionnellement grisouet 2 du 119 qui s'avançaient teux aux travers-bancs presque à l'aplomb de ce soufflard. 1.

MESURES PRISES A. LA SUITE DE L'ACCIDENT.

Les premières présomptions émises par M. de

Castel-

nau et complètement confirmées par la suite de l'enquête, tendaient, nous l'avons dit, à attribuer l'inflammation à la mise en défaut de la lampe de sûreté employée à Carnpagnac. La première mesure qui suivit l'accident fut donc le remplacement de ce type par un autre présentant autant de sécurité que possible. Ce fut la lampe Marsaut qui fut adoptée. La substitu-

SURVENU A LA MINE DE CAMPAGNAC.

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tion, immédiate pour les étages du fond, s'est complétée pour les autres et la lampe Marsaut reste aujourd'hui la seule en service dans cette mine. Ingénieurs et ouvriers s'en montrent également satisfaits. Les raisons qui ont fait choisir ce type de préférence à la Mueseler, sont les suivantes. Les galeries élevées dans le bassin d'Aubin, il importe, étant fort pour éviter les éboulements et les chutes de blocs, qui sont quents, que l'ouvrier puisse commodément assez fréinspecter la couronne et, pour cela,

pencher la lampe. Or,

la lampe Marsaut éclaire mieux et on peut lui donner une plus forte inclinaison sans risquer de l'éteindre. De

plus, elle offre une très grande résistance dans les courants à grande vitesse tels que ceux qui parcourent la mine de Campagnac, tandis que la lampe Mueseler a été, dans certains cas, mise en défaut sous l'action de courants plongeants et ayant pour effet de renverser le sens suivant lequel elle est alimentée par l'air. Pour remédier à l'inconvénient' qui résulte de ce que la cuirasse cache les tamis, on remet à l'ouvrier la lampe en deux parties, la cuirasse d'un côté et la lampe proprement dite de l'autre l'ouvrier peut après le lampiste, que sa lampe porte bienainsi vérifier, ses deux tamis, puis il visse lui-même la cuirasse. En outre, la vérification de l'état des lampes est l'entrée du poste, par un ouvrier opérée chaque jour, à chef de chantier. Tous les chefs de chantier sont à tour de rôle chargés de ce. contrôle et ils s'en acquittent avec beaucoup de Soin; ils reçoivent, pour cela, une rémunération spéciale. Pour parer aux dangers résultant de l'ouverture frauduleuse des lampes par les ouvriers, la Société des mines de Campagnac a adopté et mis en usage, immédiatement après la catastrophe, la fermeture au rivet de plomb. Enfin, nous rappellerons qu'a la suite de l'instruction à laquelle cette catastrophe a donné lieu de la part des