Annales des Mines (1890, série 8, volume 18) [Image 290]

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DE LA CONSTRUCTION DES MACHINES.

REVUE DE L'ÉTAT ACTUEL

acides en se décomposant par la chaleur; mais leur action physique sur les tôles n'en reste pas moins à craindre. On remédie autant que possible à cet inconvénient en graissant les cylindres aussi peu que possible, en séparant les graisses qui se rassemblent à la surface de l'eau dans les bâches, quelquefois en faisant usage de filtres à coke, toujours un peu gênants à loger et à en-

tretenir à bord; tels sont, par exemple, les appareils Leroy et Cail, disposés en outre 'pour laisser dégager au dehors l'air que contient l'eau d'alimentation, dès qu'on

la chauffe; l'air est en effet une cause d'altération des chaudières.

Un effet analogue à celui des graisses a été signalé dans les chaudières de sucreries, par suite d'alimentation avec des eaux de condensation, mélangées de sirop vis-

queux provenant de fuites des appareils de chauffage (Annales, 7e

S.,

t. XI-V, p. 549).

ACCIDENTS DE CHAUDIÈRES.

Les chaudières donnent

lieu à des accidents plus ou moins graves, depuis l'explosion foudroyante qui ruine les constructions voisines,

jusqu'aux faibles déchirures, qui sont toujours dangereuses, parce que les brûlures par l'eau chaude et la vapeur sont graves. L'explosion est d'autant plus redouta. ble que la masse d'eau chaude sous pression, mise subitement en liberté, est plus grande. Aussi la rupture d'un élément d'une chaudière à faible volume d'eau produira peu d'effets destructeurs, et si la chaudière est bien enfermée dans une enceinte avec portes de visite solidement closes, les 'chauffeurs pourront ne pas être atteints par la vapeur. De même, la rupture d'un tube d'une chaudière tubulaire sera, généralement sans danger. Dans plusieurs États, les explosions de chaudières sont l'objet d'une statistique minutieuse : les chiffres de

cette statistique, pour la France, se trouvent

chaque

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année dans les Annales des Mines. Pendant les dix années 1879-1888,1a statistique française enregistre 317 ac-

cidents, ayant causé 319 morts et 311 cas de blessures. Les accidents prennent quelquefois une gravité exceptiennelle, lorsque plusieurs générateurs sont détruits simultanément, ou lorsque l'accident se produit au milieu d'un atelier rempli d'ouvriers. Comme eXemples du premier genre d'accidents, nous citerons la catastrophe survenue, le 25 juillet 1887, à Friedenshütte (Haute-Silésie), où 22 générateurs firent simultanément explosion (voir Annales, 8e s., t. XV, p. 5); l'explosion de 6 chaudières sur 10, à Coltness ; de 5 chaudières, près de Glasgow, en 1863 (Engineering, 1879. ire s., p. 479); de 3, à SaintHilaire-Cottes (Annales, 'le s., t. XIII, p. 311). Les causes des accidents sont de trois genres En premier lieu, vices primordiaux de l'appareil, mauvaise qualité des tôles, construction defeCtueuse, quelquefois résistance insuffisante par suite d'études mal faites En second lieu, usure et corrosion des tôles ; Enfin, négligence ou imprudence dans la conduite des appareils, pressions trop élevées, chauffage excessif des tôles par suite de dépôts abondants ou de manque d'eau. La qualité des Vices primordiaux des chaudières. tôles employées à la construction des chaudières est trop souvent défectueuse : la résistance à la rupture est presque toujours assez élevée, mais la ductibilité, qui se manifeste par les allongements avant rupture, fait défaut. Nous avons vu que les chaudières en service étaient soumises à des tiraillements, par suite des dilatations iné-

gales de leurs diverses parties : des tôles cassantes ne se prêtent pas bien à ces déformations inévitables. Lorsque les tôles sont embouties, le fait même du travail de l'emboutissage qu'elles ont supporté est une garantie de leur ductibilité ; mais cette garantie n'existe Pas pour les tôles planes ou simplement cintrées. Cer-