Annales des Mines (1890, série 8, volume 17) [Image 160]

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NOTICE NÉCROLOGIQUE SUR EDMOND FUCHS.

de penser, avec quelque fierté, que leur développement

NOTICE NÉCROLOGIQUE SUR EDMOND FUCUS.

était en partie son uvre. Le talent musical, si unani-

apporte l'oubli justifié de toutes les préoccupations matérielles, et permet à l'homme de goûter les jouissances de son choix, sans les voir jamais traversées par le souci des nécessités du lendemain. L'union que Fuchs avait contractée ne comportait pas cette immunité , parfois dangereuse autant qu'elle est commode. Dès le premier jour s'imposait à lui le noble et austère devoir de travailler en vue du bien-être des siens. Heureux encore d'avoir trouvé, pour le début de sa nouvelle existence, une mission dans le beau pays de la Lombardie! Non

mement apprécié, de Mme Fuchs, a, comme M. Haton de la Goupillière le disait si justement, sur la tombe de notre cher camarade, « embelli, reposé, fécondé la forte existence qui venait se retremper à ses accents ». Ajoutons, toujours avec l'éminent directeur de l'École des mines, que « le charme de l'art a été pourtant le moindre côté du bonheur profond dont une femme distinguée a entouré celui qui lui est arraché! » Nous ne voudrions pas encourir le reproche de toucher, d'une main trop peu discrète, à d'aussi intimes souvenirs. Cependant nous sommes sûr qu'on nous pardonnera de vouloir rappeler encore un trait d'une exquise délicatesse : le métal de

l'anneau d'argent qui fut, entre les deux époux, le symbole de la foi jurée, provenait directement des galons qui avaient orné, durant la seconde année d'école, l'uniforme du polytechnicien ; et l'ingénieur n'avait voulu laisser à personne autre qu'à lui-même le soin de la fonte,

tant il lui importait de garantir l'authenticité du lingot, dont il garda pour sa mère la seconde partie. Ainsi, en confiant au creuset les plus brillants comme les plus décisifs emblèmes de la situation 'qu'il avait réussi à conquérir par son travail, Fuchs trouvait moyen d'associer intimement, dans un hommage vraiment personnel et touchant par sa modestie même, les deux plus grandes affections qu'il ait connues ici-bas.

Aussitôt après le mariage, les époux partirent pour

l'Alsace, où Fuchs avait hâte de présenter sa jeune

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femme à sa famille. De là, par la Suisse, ils se dirigèrent vers l'Italie ; mais ce n'était pas pour y faire un voyage de noces ordinaire et les exigences du travail devaient s'y mêler, pour le nouveau couple, aux satisfactions de la lune de miel. Il est des cas où le mariage

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que sa vaillante compagne n'eût été prête à le suivre n'importe où; mais du moins c'était plaisir de pouvoir la dédommager chaque jour de quelques heures de solitude,

par le spectacle des riants paysages des abords du Val Trompia, ou par celui des environs de Traverselle, où son mari était appelé pour donner son avis sur quelques gîtes métallifères.

la fin de 1863, ainsi qu'en 1864, Fuchs se rend, à plusieurs reprises, à Massay et à Chéry, pour y faire l'étude approfondie de quelques-uns des gisements de mine-

rai de fer du Berri. C'est alors qu'au mois d'avril 1864, la naissance d'un fils vient lui imposer de nouveaux de voirs. Il accepte de la société Virginia, de Bergame, une mission dans la province de Brescia. Mais, l'année suivante, sans sortir de France, il trouvera à s'occuper en étudiant, pour la ville de Courbevoie, le pouvoir éclairant du gaz de boghead, au sujet duquel il fait paraître une note dans le Bulletin de la Société d'Encouragement.

C'est aussi en 1865 qu'il publie, dans les Annales des Mines, son travail sur le gisement salin de Stassfurt, rédigé à la suite de la mission qu'il avait remplie, deux ans auparavant, pour la compagnie des Salines de l'Est. Dans ce mémoire, très ordonné et parfaitement écrit, il faut signaler surtout les considérations géologiques où Fuchs, après avoir exposé la théorie de Bischof sur la