Annales des Mines (1889, série 8, volume 16) [Image 241]

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L'INDUSTRIE DU CUIVRE

DANS LA RÉGION D'HUELVA.

Ces travaux des Romains valent la peine qu'on s'y arrête un peu; car ils forment un chapitre curieux de l'histoire de l'art des mines et de la métallurgie dans l'anti-

ployer ses soldats aux mines ; sous Probus, ce système devint à peu près la règle. A Rio-Tinto et autour d'Huelva, toutes les tombes ren-

quité, que des faits relevés dans la région d'Huelva

contribuent à éclaircir. La situation légale des mines sous l'empire romain a été résumée par M. Aguillon dans le premier chapitre de

son Traité de législation des mines (*). En Italie,

le

principe paraît avoir été celui de l'accession ; mais, dans les provinces conquises, et c'était le cas pour l'Espagne, l'État se réservait souvent la propriété de la mine et se contentait d'en donner en ferme l'exploitation. Il semble que ce soit Caton qui, le premier, ait songé à tirer profit des mines de la péninsule en les concédant, sous certaines conditions, à des particuliers ; ces conditions étaient écrites sur des tables de bronze, dont l'une a été fort heureusement retrouvée dans la mine de pyrite

cuivreuse d'Aljustel, en Portugal ('). Après

Tibère,

l'État exploita pour lui-même un certain nombre de gisements, laissant le reste à des particuliers ou à des compagnies. Afin d'attirer des ouvriers libres, il donnait des terres ou une dispense d'impôts à ceux qui travaillaient à la mine. Ainsi les habitants de Seidobriga, en Portugal,

soumis à cette redevance en nature, s'appelaient pour cela des plombarii. Mais, plus généralement, les ouvriers étaient des esclaves ou des malfaiteurs, le nombre des hommes libres pour l'Espagne ne devant pas, d'après la loi, dépasser 5.000. Les esclaves ne suffisant pas, sous le règne de Claude, un général romain eut, d'après Tacite (***), l'idée d'em-

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contrées étaient des tombes d'esclaves ou de très pauvres gens.

Les exploitations des Romains en Espagne furent très activement menées ; on peut dire qu'aujourd'hui on se contente de reprendre et d'épuiser les gisements qu'ils avaient seulement entamés. Autour d'Huelva, les traces en sont innombrables ; on en trouve aussi en Galicie (via de Foz et medulas del Vierzo); en Asturies (Mte Furado de Salabe et Albaneda); à Carthagène, à Linarès. Polybe (avec une exagération évidente) parle de 40.000 ouvriers

pour les seules mines d'argent de Carthagène et d'une extraction annuelle de 3.272 kilogrammes. Les méthodes d'exploitation qu'ils employaient ont été décrites avec assez de détails par Pline l'Ancien, qui en compte trois (*). A Rio-Tinto, à Tharsis, à San-Domingos, les énormes excavations modernes ont mis à jour, comme dans une coupe théorique, leur réseau de puits et de ga-

leries, et l'on est tout particulièrement bien placé pour les étudier ('). La première chose qui frappe, c'est l'exiguïté inouïe des passages. Les Romains, qui cherchaient surtout les métaux précieux, suivaient à travers l'amas de pyrite certaines veines minces où se concentre le sulfure de cuivre riche en argent ; ces veines étant fort étroites, ils ne perdaient pas de temps à faire des excavations inutiles, et, dans leurs puits d'un mètre à peine de diamètre, dans leurs galeries qui n'ont guère plus d'un mètre de haut, c'est à peine si, en rampant, un homme peut passer ;

(*) Voir Héron de Villefosse, De la richesse minérale, et Chevallier, De la propriété des mines. (**) Dareste : Communication à l'Institut, 14 février 1879, et Giraud : Journal des savants, 1877.

(') Ann., livre ll, chapitre u.

quelques-uns de ces puits si étroits paraissent avoir été (*) Pline, livre XXXIII, chapitre iv. (*') Voir Burat, Théorie des gîtes métallifères, chapitre y.