Annales des Mines (1889, série 8, volume 16) [Image 105]

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DES CIMENTS DE LAITIER. 1.60 NOTE SUR LA. FABRICATION ET LES PROPRIÉTÉS

un jet de laitier par un jet de vapeur transversal, a été quelque temps très en faveur. Elle est très propre à ces usages en raison de son inconductibilité et de son incombustibilité ; mais, à cause du soufre que contiennent en général les laitiers, des dégagements d'acide sulfhydrique désagréables dans les appartements, corrosifs pour les surfaces métalliques, sont un des inconvénients de ce produit et l'ont fait abandonner assez complètement aujourd'hui. Les laitiers basiques, granulés, sont employés depuis kngtemps à la fabrication des briques. Le sable de laitier (broyé si l'on se propose d'en faire disparaître le grain pour obtenir des briques plus fines), est mélangé avec environ un tiers de son volume de chaux éteinte en pou. dre, malaxé, humecté et moulé en briques à une pression de 150 à 200 kilogrammes par centimètre carré. Au bout

d'un mois on obtient des briques régulières de forme résistant bien à la gelée, de propriétés hydrauliques remarquables, qu'on emploie de plus en plus pour les cloi-

sons, les encadrements, les clôtures, les murs extérieurs. Les produits précédents, remplaçant des matériaux na. turels ou artificiels de peu de valeur, ne peuvent par cela même supporter des frais de transport. Ne répondant,

en général, qu'à une consommation locale, ils

consti-

tuent rarement une utilisation des laitiers sur une échelle

un peu grande. On a songé à retirer de ces derniers des produits de plus de prix. La société anglaise de Britten dans le district de Finedon (Northamptonshire) utilise la fabrication du verre à bouteilles des laitiers à 38 p. HO de silice. On les reçoit dans un four de verrerie accolé

au haut fourneau et l'on y ajoute les fondants alcalins nécessaires. On utilise ainsi la chaleur du laitier, mais de plus, d'après M. Henrivaux (*) , le fer qu'il contient

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augmente la fusibilité du mélange, et permet de se contenter de proportions d'alcali moindres que dans les compositions de verre ordinaires. Cette fabrication ne s'est pas étendue.

Il en est de même de la préparation de l'alun ou du sulfate d'alumine par le procédé Ltirmann (*) Le laitier est dissous dans l'acide chlorhydrique. L'acide sulfhy-

drique, provenant de l'attaque du sulfure de calcium, réduit les sels de fer au minimum et une addition de carbonate de chaux laisse le fer en dissolution et préci-

pite seulement la silice et l'alumine. Le dépôt, lavé à l'eau acidulée pour dissoudre la chaux entraînée, desséché pour rendre la silice insoluble et traité par l'acide sulfurique bouillant, donne d'un côté une dissolution de sulfate d'alumine, de l'autre un résidu de silice, qu'on peut employer à la fabrication du silicate de soude ou comme matière pouzzolanique. D'après M. Ltirmann, cette transformation, qui, à ma connaissance du moins, n'a pas passé dans la pratique, serait avantageuse avec des laitiers à la teneur atteinte quelquefois de 25 p. 100 d'alumine.

Les ciments sont aussi une matière assez chère pour laisser de la marge à de sérieux bénéfices, et leur analogie de composition avec les laitiers a éveillé, il y a longtemps, l'idée d'employer ces derniers dans les mélanges destinés à la fabrication du portland. On arrive à la composition des portlands par une addition de chaux le plus souvent, de chaux et d'alumine quelquefois ; et pour la cuisson, M. Farinaux a proposé l'emploi de la chaleur sensible et latente du laitier, en faisant l'addition néces-

saire dans la scorie encore fluide. Les résultats en pratique n'ont pas été satisfaisants. Pour cette même fabrication des ciments, un procédé (*) Dinglers Polylechnisches Journal, t. CRCIV, p. 351.

(*) lIenrivaux, Le Verre, p. 298.

Tome XVI, 1889.

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