Annales des Mines (1889, série 8, volume 16) [Image 31]

Cette page est protégée. Merci de vous identifier avant de transcrire ou de vous créer préalablement un identifiant.

DANS UN HOTEL, A HARTFORD (ÉTATS-UNIS). EXPLOSION D'UNE CHAUDIÈRE A VAPEUR

convenablement couvert le feu ou fermé le registre, soit que ce dernier ait été rouvert postérieurement à son départ, par le domestique de nuit ou par les jeunes gens qui séjournaient au voisinage du générateur. De plus, les enquêteurs ont admis que la soupape avait été paralysée dans son fonctionnement, parce qu'autrement, étant admis qu'un grand excès de pression a été nécessaire pour déterminer la déchirure initiale, on aurait tout au moins entendu au préalable un bruit violent d'échappement de vapeur, ainsi qu'il était précédemment arrivé à plusieurs reprises vers le matin, notamment une fois où le soulèvement de la soupape avait jeté une alarme considérable parmi les voyageurs de l'hôtel.

Il est vrai que la soupape, lorsqu'elle fut retrouvée parmi les ruines, paraissait libre dans son fonctionnement, mais ce n'est pas une preuve qu'elle n'ait pas été, étant en place, surchargée ou paralysée. Un ouvrier qui avait été employé dans l'établissement comme aide-mécanicien pendant une douzaine de jours en décembre 1887,

et congédié ensuite, déposa que, pendant ces quelques jours, il avait trouvé six fois la soupape paralysée lorsqu'il arrivait le matin pour prendre son service à la chau-

dière; et qu'ayant eu à ce sujet une dispute avec le mécanicien, celui-ci lui avait dit qu'il muselait la soupape pour que les habitants de l'hôtel ne fussent pas dérangés, mais qu'au surplus ce n'était pas son affaire. La physionomie générale de l'interrogatoire a rendu suspecte, il faut le dire, la véracité de ce témoignage; mais quoi qu'il en soit, il est certain qu'il s'était parfois produit des échappements de vapeur entendus de l'hôtel et même de l'annexe, et que les hommes de la chaufferie

ayant intérêt à éviter ces incidents, dont l'un avait

au-

trefois attiré au mécanicien les reproches du propriétaire, la supposition du calage de la soupape n'a rien d'invraisemblable.

13

Ces considérations ont paru assez probantes au Coroner pour qu'il ait conclu en ces termes contre les deux mécaniciens Thuer et Risley

« Considérant que la chaudière, lors de l'inspection, n'avait montré aucune partie faible ; qu'il n'y a point eu manque d'eau ; que le générateur et ses accessoires étaient en bon état d'entretien ; que Thuer et Risley étaient

seuls responsables du fonctionnement de l'appareil ; que

cette explosion n'aurait pas eu lieu si la soupape n'eût été immobilisée de propos délibéré ; qu'il s'attachait à son immobilisation un intérêt, celui de ne pas importuner les habitants de l'hôtel, et que les personnes intéressées à ce résultat étaient exclusivement Thuer et Risley : pour

ces motifs, je dois conclure que l'explosion a eu pour cause la négligence intentionnelle d'Alexandre 'Muer et d'Amos-E. Risley ; et que lesdits Alexandre Thuer et Amos-E. Risley ont, le 18 février 1889, à Hartford, causé par cette négligence intentionnelle , la mort des

personnes suivantes, savoir (suit la liste des 23 victimes de l'explosion) ».

Il est impossible, pour qui n'a pas été mêlé à l'enquête et ne possède que les informations ci-dessus résumées, de discuter cette conclusion : faisons remarquer cepen-

dant qu'elle ne paraît reposer que sur des inductions morales ; on n'y voit apparaître aucune preuve directe du calage de la soupape ni de la surpression présumée le seul indice positif à cet égard aurait été le manomètre forcé, circonstance qui n'est pas mentionnée par le Coroner. Le corps cylindrique, supposé sans ouverture latérale et indéfiniment long, travaillait à l'éclatement suivant les génératrices sous un effort de 4,5 par millimètre carré pour la pression de 5k,25 ; mais il était

percé d'un trou d'homme mesurant 0111,42 0m,32. Quelle était la solidité, quel était l'état du cadre des-