Annales des Mines (1889, série 8, volume 15) [Image 335]

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L'ÉCOLE DES MINES DE PARIS.

métallurgie depuis quatre ans déjà, fut appelé à sa place. Le Play ayant également résigné ses fonctions de professeur de métallurgie, Piot (*) fut désigné pour le remplacer à ce titre au début de l'année scolaire 1856-1857. Piot, dont la santé était déjà fortement ébranlée, ne passa pour ainsi dire que nominalement à l'École; il succombait le 17 juin 1858, ayant été suppléé dans l'enseignement qu'il n'avait pu donner par Pivot qui avait volontairement assumé, par camaraderie, la lourde tâche, dont il s'était brillamment acquitté, de professer simultanément la docimasie et la métallurgie. Piot fut régulièrement

remplacé au début de l'année scolaire 1858-1859 par Gruner ; les espérances que son passage à Saint-Étienne avaient permis de concevoir devaient être dépassées par la hauteur du cours qu'il devait professer à Paris pendant quatorze ans. Dans cette même année 1856, de Chancourtois (**) coinla constitution de la célèbre Société de l'industrie minérale de Saint-Etienne, à la vitalité persistante de laquelle il a contribué plus que personne. (*) Piot, né le 21 novembre 1817, était arrivé à l'Ecole, précédé d'une très grande réputation de métallurgiste praticien, qu'il s'était acquise par ses travaux dans l'industrie privée, notamment dans les établissements de Wendel. (**) De Chancourtois, né le 20 janvier 1820, mort inspecteur général des mines de ir° classe le Li novembre 1886, n'a, pour ainsi dire, pas quitté l'Ecole où il était rentré en 1848 comme professeur des cours préparatoires, trois ans après y avoir terminé ses études qu'il couronna par ce voyage de dix-huit mois en Asie-Mineure et en Turquie, resté légendaire. De Chancourtois, dans cette longue carrière, a rendu à l'Ecole de nombreux services, non seulement par son professorat de géologie et antérieurement par ses leçons aux cours préparatoires, mais aussi par les leçons de topographie et la surveillance des exercices graphiques dont il hérita de Delaunay jusqu'à ce que l'administration se décidât, en 1857, à redonner à l'Ecole un chef des travaux graphiques; il a concouru au rangement des collections et notamment de la collection statistique départementale. M. Fuchs a fait connaître, clans une notice récente parue dans les Annales des mines (3° livraison de 1887), la vie et rceuvre

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NOTICE HISTORIQUE.

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mença officiellement avec le titre de professeur-adjoint l'enseignement de la géologie que, depuis 1852 déjà, il donnait en fait partiellement comme suppléant ; il devait continuer cet enseignement comme professeur-adjoint jusqu'en 1875, date à laquelle, après la mort d'Elie de Beaumont, il devint titulaire pour le rester jusqu'à sa mort, en 1886. En somme, pendant toute la durée de l'Empire, l'École poursuivit régulièrement sa carrière sans modification appréciable dans son régime. La modification et la recons-

truction des bâtiments entraînées par le percement du boulevard Saint-Michel ne laissèrent pas d'apporter d'assez grandes difficultés matérielles à la régularité de la

vie scolaire. La direction sut parer à ces obstacles en déplaçant, suivant les besoins, les salles de dessin et en installant des laboratoires provisoires dans les bâtiments spéciaux mis temporairement à sa disposition à cet effet.

L'expérience et la pratique avaient mis en évidence l'excellence de la transformation subie par l'École. Une seule question de quelque importance dut être à nouveau examinée et discutée, celle du recrutement des élèves externes. À l'époque de la guerre de Crimée l'École

polytechnique reçut des promotions relativement fort nombreuses auxquelles, à la sortie, étaient offertes très peu de places dans les services publics. De ce double fait résulta qu'a partir de 1855 des élèves ayant donné leur démission à la sortie de l'École polytechnique vinrent, en nombre de plus en plus grand, se présenter de Chancourtois, en la faisant suivre de la bibliographie de ses travaux, relativement peu nombreux. Peut-être de Chancourtois, avec son ingéniosité si remarquable, a-t-il remué et donné plus d'idées qu'il ne laisse après lui de travail positif et d'effet durable. La vis tellurique et le réseau pentagonal, dont de Chancourtois s'était fait spécialement l'apôtre, sont des conceptions à coup sûr fort originales. Peut-on dire, surtout pour la dernière, qu'elles soient bien fécondes'?